Dororo

Cela faisait un moment que j’étais curieuse de lire ce manga de Tezuka mais l’occasion ne s’était pas présentée. Puis arriva le remake animé Dororo (2019) qui me donna encore plus envie de découvrir l’œuvre originale. Malheureusement je m’aperçus que les tomes français du manga, plus édités, se vendaient à prix d’or sur la toile quand on avait déjà la chance d’en trouver. Toutefois, avant de me tourner vers des voies moins légales, l’annonce de la réédition dans cette collection prestige arriva donc à point nommé. Il aura fallu l’attendre, sans cesse s’envolant plus loin, à n’en point douter à cause des problèmes liés à la crise sanitaire, depuis presque un an, mais la voici enfin !

Assez raconté ma vie, venons-en au manga. Dororo nous narre l’histoire d’un fils d’une famille fortunée mais sacrifié à des démons par son père pour les ambitions de ce dernier. Il survit cependant, adopté par un homme solitaire et se rend compte avec les années qu’il attire des démons. Il part alors en quête de réponse et d’un lieu où il pourra vivre en paix. Mais il devra se battre contre ces créatures ne lui accordant que peu de répit. Ses pas le feront rencontrer Dororo, une petite canaille qui va se mettre en tête de lui piquer un sabre.

Malgré un aperçu fort sombre, dès le chapitre deux le manga se révèle bien plus drôle qu’on aurait pu le croire. Contrairement à l’anime de 2019, ici Hyakkimaru parle comme un jeune homme normal, il ironise, il jure, se met en colère, encore plus avec Dororo dans ses pattes qui passe son temps à le faire tourner en bourrique. Ce duo comique est tout de suite hyper attachant et nous motive à suivre leurs aventures. Le manga comporte aussi beaucoup de blagues anachroniques voire qui brisent le quatrième mur, elles surprennent au début, mais font bien rire ensuite.

Bien sûr, on se demande ce qu’il adviendra de Hyakkimaru, pas supposé survivre à la base, et s’il sera confronté à sa famille biologique. Je suis d’autant plus curieuse de voir quelles seront les différences avec l’anime remake. En outre, je me demande si ce manga n’a pas un peu inspiré Guts de Berserk,

Plus anecdotique, je ne peux m’empêcher de penser aussi que Dororo a pu inspirer aussi la scène amusante de la rencontre entre Misao et Kenshin dans Kenshin le vagabond. Bref, j’imagine que ce manga a dû faire beaucoup d’autres émules. L'histoire semble plus manichéenne que dans son remake, car Daigo apparaît comme un simple rapace flétri de cupidité et de mégalomanie, mais à voir comment il évolue.

Le dessin est tout aussi vivace, tout en rondeur et très expressif. Mais pas complètement mignon car Hyakkimaru va trancher dans le vif, et pas forcément que du démon, tandis que Dororo va pas mal prendre dans la figure. Faut aimer la patte de Tezuka, ça reste un style ancré dans son temps, mais cela n’empêche pas que les pages restent de qualité. De plus, la post-face du second volume de l'édition prestige française nous apprend que l'auteur était en transition ves le style gekiga, en vogue à l'époque. Il a donc incorporé beaucoup plus d'éléments sombres et de détails à ses pages par rapport à ses mangas précédents.

Comme beaucoup à commencer par l'auteur lui-même, on regrettera toutefois une fin précipitée:

Ce défaut s’explique par une fin de parution prématurée du manga, forçant l’auteur à terminer son histoire bien plus rapidement qu’il n’avait prévu, comme on peut l’apprendre dans la post-face du dernier tome — très intéressante à lire cela dit en passant.

Autre détail non négligeable que l’on apprend en annexe : l’histoire de Dororo a été remaniée plusieurs fois avec le temps, selon les prépublications et les éditions. Bien que la trame générale demeure la même, une variante considérable a été gommée de la parution finale :

Un excellent manga qui vaut encore tout à fait d’être lu de nos jours, malgré une fin sabordée pour des raisons malheureuses.

Hanoko un tome lu (donc la moitié de l’intégrale 1), le 01/03/2021 puis tout lu