Notre Hikari Club

Avis

Notre Hikari Club est une présuite de Litchi Hikari Club ainsi qu’une relecture du début de ce manga, proposant de narrer en détail la création du club, l’arrivée des différents membres, son évolution, le développement de chacun des personnages.

J’abordais ce manga non sans appréhension, toujours un peu sceptique quant à ce type d’œuvres dérivées et de leur intérêt concret mais c’était sans compter tout le talent de Furuya à dépeindre des psychologies torturées. En effet, ce manga vient combler les lacunes que l’on pouvait trouver au manga de base. Le mangaka, qui a imaginé toute cette extension à l’histoire, nous permet de découvrir comment est né le club et sa glaçante bascule vers l’horreur et le totalitarisme. On assiste à la manière dont chacun des personnages vont s’engrainer les uns les autres, rappelant par moment le film La Vague. Ces garçons, renfermmant des psychoses, sans repères, vont de plus en plus loin dans leurs pulsions sombres. Et ceux plus stables, emportés par l’effet de groupe, peinent à s’opposer à la dynamique destructrice qui se tisse. Le titre prend alors tout son sens, quand les membres originaux du groupe se rendent compte impuissants de ce que le club devient. Les ajouts de moments de tranche de vie ainsi que de détail sur la psychologie apportent de la richesse à l’histoire et donnent bien plus de profondeur aux personnages.

À l’inverse il est un peu dommage que le tome deux fasse un peu trop de redite par rapport au manga principal (certaines cases sont même des copier-coller, non redessinées, faites-moi confiance je suis une pro du jeu des sept erreurs  ), d’autant que les éléments répétés sont forcément résumés et perdent de leur impact. C’est la contrepartie de ce choix scénaristique et il aurait fallu je pense être encore plus suggestif sur ce qu’il se passe dans le manga principal pour piquer notre curiosité sans être redondant. À savoir que certains personnages, comme Raizo et Jaibo ne sont guère plus développés ici, c’est dommage que l’auteur ne leur ait pas consacré quelques pages.

Par ailleurs, me replonger dans cette histoire plus de dix ans après me permet d’avoir un autre regard, concernant la thématique sous-jacente du manga : la misère humaine, qu’elle soit matérielle, affective ou sanitaire, conduit à des dérives telles que commettent nos héros collégiens plus ou moins livrés à eux-mêmes dans cette ville polluée et défavorisée.

Côté dessin, le mangaka assure la continuité avec son manga de départ, conservant cette même patte graphique si incisive, sombre, à la fois grotesque et élégante, collant parfaitement avec l’origine théâtrale de l’œuvre. J’aime toujours autant.

Je suis tentée de dire que ce manga est meilleur que l’original, plus complet et plus finement écrit, grâce à l’ajout de détails périphériques à l’intrigue principale mais lui prodiguant bien plus de force. Cela me fait presque aussi regretter que l’auteur n’ait pas écrit cette histoire avant, afin de former un seul et même manga avec Litchi Hikari Club en troisième et ultime tome, mais lire cette présuite après demeure également pertinent.

Hanoko, deux tomes lus le 16/11/2023