Goodman Town
Staff
Un film de Sakchai Sribonnam
Avec : Archariya BuaSuwan, Supakorn Kitsuwon, Watchara Tangkaprasert
Après qu'une guerre atomique ait dévasté le monde, les hommes et les femmes se sont regroupés en bandes, en villages. Depuis des années, celui de Goodman Towan s'affronte à celui de Dark Commune. Ces derniers sont sur le point de prendre leur revanche. C'est à ce moment qu'arrive un bandit craint et admiré de tous, Mr. Climax, qui est devenu amnésique entre temps. On le charge de mettre la main sur la future femme de Yai, le chef de Goodman Town.
Avis
''Ca fait bien longtemps que je veux voir Goodman Town, pour divers raisons, les principales étant que c'était d'inspiration western et que c'était surtout un film de ouf. Pari tenu ?
Après qu'une guerre atomique ait dévasté le monde, les hommes et les femmes se sont regroupés en bandes, en villages. Depuis des années, celui de Goodman Towan s'affronte à celui de Dark Commune. Ces derniers sont sur le point de prendre leur revanche. C'est à ce moment qu'arrive un bandit craint et admiré de tous, Mr. Climax, qui est devenu amnésique entre temps. On le charge de mettre la main sur la future femme de Yai, le chef de Goodman Town.
Le scénario est un prétexte à une ribambelle de gunfights, tout le long du film, et quasi non-stop. Le tout d'ans un trip what the fuck, où littéralement ça part dans tous les sens. Tous les personnages sont fous. Que ce soit les bandits de Goodman Town, les bandits de Dark Commune, une bande de 4 bandits (Earth, Wind, Fire, et Water), notre bandit amnésique, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Ca donne lieu à de nombreuses scènes comiques.
La mise en scène est folle également, qui outre le montage très punchy, nous propose également des films dans le film, une chanson en plein milieu, du gros métal qui tâche... La bande son est chouette, avec beaucoup de morceaux rock, même s'il n'est pas toujours évident que ça colle à merveille à ce qui se passe à l'écran Enfin globalement ya des morceaux vraiment chouettes.
Niveau western, même si ce n'est pas le genre dominant, il y a beaucoup de références : au début, tel Pour une poignée de dollars, notre héros voyage en fonction de la direction que lui indique son pistolet (5') ; il y a un hold up de banque ; le désert est partout ; les chevaux sont remplacés par des jeeps. De la façon dont le film commence, on a l'impression que notre héros va servir une ville, puis l'autre, à la façon du film susnommé, en fait non. Il va se débrouiller à l'intérieur d'un clan. Il fabrique son propre flingue chez l'armurier, comme la Brute de Sergio Leone. Le film se conclue par un duel, en bagnole. Mais le genre dominant, c'est le gunfight bourrin dans un décors post-apo.
En bonus, sur le dvd, des interviews des acteurs principaux, du réalisateur et du chef décorateur, sur leur rôle, leurs scènes préférées etc. le tout illustré par des scènes de tournage (20 minutes). Le livret intitulé ''Histoire du cinéma thaïlandais'' n'est pas toujours clair, notamment toute la période evant 1997, surement parce qu'il veut dire trop de choses en si peu de pages (12).
Derrière son apparence dingue, le film tient en fait en filigrane un discours sérieux. En effet, Goodman Town s'ouvre sur une étrange mise en scène : la fin de ce qui s'apparente à un générique de fin, puis le film commence. En quelques minutes on nous annonce le thème post apocalyptique (du fait du nucléaire), les pubs Coca (et autres marques Thai) sont détruites dans une course-poursuite, et notre héros est amnésique. Ces trois-quatre éléments convergent vers une question : quel est notre rapport au passé ? Ou plus précisément, que construire après quelque chose comme "la fin'', une table rase ?
En effet, personne ne semble avoir de passé dans ce film, c'est peut être pour ça qu'ils sont tous un peu fous. Du coup pas de passé, problème d'identité, on a du mal à se distinguer les uns des autres, ça a deux conséquences dans le film : au niveau de la mise en scène, on ne peut pas distinguer (selon moi) les membres de Goodman Town de ceux de Dark Commune (ils ont tous le même look).
Et au niveau du scénar, cette ''confusion'' s'incarne dans deux personnages : la femme que l'on recherche, c'est Ting, la fille du chef de Commune (une alcoolique, qui ne sait jamais où elle est, ni qui elle est, elle s'offre au premier venu), mais on la confond avec une autre, une trafiquante de matériel, ex femme de Climax.
Le seul rapport au passé, outre les panneaux publicitaires d'un autre temps (qui sont détruits), c'est la maison du héros, que ça femme lui fait re-visiter. Outre les flash back, ils sont composés d'image et d'objets du passé, que je n'ai pas bien réussi à identifier. (Un tableau de Bacon ?). Mais tous ces objets ne lui rappellent rien, sa mémoire ne lui revient pas. Seules ses réactions les plus primaires, l'attirance sexuelle, fonctionnent.
En fait, le seul qui s'attache à un passé, c'est l'homme à abattre, le chef de Goodman Town, sorte de gros Elvis superstitieux et puéril, bref il n'est pas décrit comme un modèle. Il y a un antiaméricanisme sous-jacent au film. J'en veux pour preuve ce passage, où la narration se fait en anglais. On découvre un peu après c'est parce qu'un vieil homme est en train de raconter l'histoire à des enfants. Ceux-ci lui rétorquent quelque chose comme : ''papy, on ne comprend rien''. Les thaï doivent donc trouver un autre modèle que d'imiter les USA.
Ainsi, le film offre une alternative : après la fin du monde qui est en train de se produire (le film est sorti en 2002, on a sûrement en tête les attentats du World Trade Center), il faut trouver autre chose à omniprésence américaine. La réalisation, en prenant à beaucoup de genre et de traditions (humour, action, comédie musicale, western, thais, américain...), montre qu'on peut faire quelque chose de bien en mélangeant les cultures et les identités (ou alors le réalisateur fait preuve d'autodérision en ayant fait nimporte nawak, comme modèle à ne pas suivre?)
Ne pas avoir de passé abouti à la confusion généralisée, à reproduire les mêmes erreurs (une fois la ville détruite, on continue ailleurs), à un retour à un stade bestial, voire à l'annihilation. Sakchai Sribonnam plaide donc, avec d'autres réalisateur de sa génération, pour une réinvention du cinéma Thaï, émancipé des carcans hollywoodien. A noter que le second (et dernier film?) du réalisateur nommé Hanuman, revient sur un légende traditionnelle... Goodman Town est donc à la fois un film fun, tout en nous faisant réfléchir une fois sortis de la séance ;). A voir.''
Docteur Spider, 04/03/13
Voir aussi un autre film thaï déjanté : Killer Tatoo. Avec un message encore plus tranché : Sanctuary (The)
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