Hanoko – Samedi 12 août 2023, à 05:02

Conférence de Hōjō Tsukasa à Japan Expo 2023

Japan Expo 2023 accueillait de nouveau cette année Hōjō Tsukasa, autour de diverses animations et rencontres. ShoShoSein vous propose le compte-rendu de sa conférence du samedi 15 juillet, qui s’était déroulée à onze heures sur la scène Yuzu.


Le mangaka, entouré à gauche du traducteur et à droite de l'interviewer.
Les photographies n’étaient pas autorisées durant la conférence, je ne pourrai donc pas vous montrer les visuels diffusés à l’écran au cours des différentes questions posées à l’auteur.

 

 

Première partie : les questions par Japan Expo

 

1) Ses potentielles sources d’influence durant sa jeunesse

Durant son adolescence, ses lectures de manga demeuraient occassionnelles et il lisait davantage de romans et regardait des films. Cependant, il n’avait à l’époque pas de plan de carrière en tant que mangaka et ne saurait dégager dans ses lectures de jeunesse celles qui l’auront vraiment influencé par la suite.

 

2) Comment il est devenu mangaka

Au cours de ses études universitaires, il a participé au Prix Tezuka dans le but de gagner de l’argent afin d’acheter un projecteur et non pas alors de faire du manga son métier. Il participait en effet à des activités de fanzinat, de cinéma, etc. avec d’autres étudiants. Pour les financer, il avait participé à ce concours dont le premier prix était un million de yens, sans aucune certitude de gagner. Il remporta un prix de deux cent mille yens et pu réaliser son film étudiant. Un rédacteur de chez Shōnen Jump le contacta toutefois pour lui proposer de devenir mangaka, le concours servant à recruter des nouveaux auteurs mais il répondit « non ».
Durant ses quatre années de fac, en plus de ses études, ses activités amatrice, l’éditeur lui demanda de réaliser trois one-shot, en plus de ses examens. Une fois diplômé, il n’a pas trouvé de travail. Son éditeur se rappela à son bon souvenir et il consentit à tenter le métier de mangaka. Il ne pensait pas du tout arriver à tenir dans cette voie, mais il savait que ce n’était pas donné à tout le monde de pouvoir le faire et c’était également pour lui l’occasion de partir s’installer à Tōkyō donc il se lança.

 

3) La genèse de la création de sa première série

Concernant la création de sa première série Cat’s Eye, il est parti d’une idée pas complexe, une héroïne voleuse, son petit ami policier puis il a collé à l’héroïne deux sœurs. Ayant commencé par un one-shot, il n’a pas réfléchi plus que ça au concept mais au vu du succès de la série, cela alors fait un peu paniquer !

 

4) La gestion du rythme de travail d’un mangaka

C’est une chose dont il préfère ne pas se souvenir, tant c’était une vie horrible ! Il y a par exemple beaucoup de problèmes de personnes qui travaillent au noir, et bien mangaka, c’est pire.

 

5) Le one-shot City Hunter, XYZ possible préfiguration sa nouvelle série

Son éditeur ne lui donnait jamais de congés ; durant la parution de Cat’s Eye, on lui a commandé en même une histoire courte, à faire en même temps. Cette situation était horrible l’époque mais elle s’est nettement améliorée aujourd’hui. Lui et son éditeur aimaient le personnage de Kamiya Masato de Cat’s Eye et imaginé un personnage comme lui avec Saeba Ryō, le mettant en scène dans des aventures fun et sans trop de réflexion.

 

6) Le passage d’une histoire sombre à la comédie dans City Hunter

Après deux one-shots City Hunter, Hōjō ne savait plus quoi faire et sa rédaction lui a dit de continuer City Hunter en série. Une fois l’idée mise en place, son éditeur lui avait imposé ses goûts pour les polars. Lui était plus dans la parodie du dur à cuire et était pau habité au genre du polar et City Hunter ne marchait pas bien au début de la série. Hōjō l’a fait remarqué à son rédacteur, qui accepta le retour de la comédie, avec notamment l’arrivée de Kaori dans l’histoire et la série devint un succès. Puis, son rédacteur le força à ajouter beaucoup de gags graveleux et génants. Ensuite, un autre rédacteur le prit sous sa responsabilité et lui laissa la liberté de faire City Hunter comme il voulait. Hōjō ne dénigre pas son ancien rédacteur, mais exprime alors les désaccords qu’il pouvait y avoir, son rédacteur pensait alors à ce qu’il y avait de mieux pour lui.

 

7) La manière de créer un cocktail efficace du mélange des genres

Hōjō n’a pas de recette pour cela. Il se décrit lui-même avec une personnalité bordélique, ce qui donne un manga bordélique.

 

8) Les parts d’improvisation durant la parution de City Hunter

Il fonctionne sur cette structure de base : une histoire se développe sur six semaines, avec un chapitre par semaine. Il commence par une discussion avec son rédacteur, avance sur le scenario de départ, des idées lui viennent au fur et à mesure puis les histoires diffèrent totalement de l’idée de départ. Il avance souvent à tâtons et finit par retomber sur ses pattes. Il affirme alors que le vrai auteur de son manga n’est pas lui mais Saeba Ryō lui-même !

 

9) Une anecdote sur Inoue Takehiko qui fut son assistant

Inoue avait gagné le Prix Tezuka, il avait déjà du talent en tant que mangaka. Hōjō ne s’est pas vraiment senti comme son mentor, Inoue est resté à travailler un an dans son atelier, il a observé seul les méthodes de travail puis il a commencé sa propre série et est devenu un star. C’était un travailleur silencieux.

 

10) Son évolution à travers ses histoires courtes, très appréciées notamment en France

Hōjō décline en one-shots les idées qui ne marcheraient pas en série mais qu’il voulait quand même coucher sur le papier. Il y a de tous les genre en pagaille, c’est à nouveau représentatif de sa propre personnalité.

 

11) Un possible côté plus personnel dans ces one-shots

Hōjō les décrit davantage comme un moment de pause dans la parution de ses séries et ne les considère pas comme vraiment des histoires plus personnelles, mais plutôt comme des formes d’expression différentes.

 

12) Le choix d’un genre très différent pour sa série suivante, Family Compo

Il y avait une émission nommée Anebun [Note de Hanoko: ou "Aneeboom", je n'ai pas trouvé d'information sur cette émission dont j'ai transcris le titre phonétiquement, à savoir qu'"Anebun" (姉分) signifie sœur aînée] traitant de gay et travestis. Dans le quartier de Shibuya se trouvaient beaucoup de bars gay qui faisaient parler d’eux et il y avait l’exemple d’un couple qui s’était marié qui avait beaucoup attiré l’attention. Le mariage homosexuel n’étant pas reconnu par la loi, Hōjō s’est demandé comment vivre heureux dans ces conditions, ce qui l’a poussé à explorer cette thématique avec Family Compo.

 

13) La raison de retour de Saeba Ryo dans Angel Heart

Le rédacteur avait annoncé l’arrêt brutal de la parution de City Hunter dans le Shōnen Jump et la fin n’était pas satisfaisante pour Hōjō. Il a voulu reprendre la fin, dix ans se sont écoulés depuis lors et tout a changé dans le monde. Cela était donc très difficile de continuer City Hunter, c’est pourquoi il a opté à la place pour un remake adapté aux années 2000. Par exemple, la présence des téléphones portables n’aurait pas été possible dans City Hunter.
C’est un autre univers, au départ le personnage de Ryo n’est pas sincère envers Kaori. C’est sa mort dans Angel Heart qui lui pousse à être honnête vis-à-vis de ses sentiments envers Kaori.

 

14) Les motivations du lancement de la maison d’édition Coamix, notamment cofondée avec Hara Tetsuo

Horie [Nobuhiko], son ancien éditeur de chez Shōnen Jump, avait mis au placard de sa maison d’édition. Les maisons d’éditions à l’époque, qui n’étaient pas spécialisées dans le manga, pensaient surtout à la marge lucrative que le manga était surtout un phénomène de mode, sans avoir de projet à long terme. Cela avait contrarié et frustré Horie, ce qui lui avait donné envie de fonder une maison d’édition dédiée à 100 % au manga. Il lui en a donc parlé à lui et à Hara qui ont aimé l’idée. La maison d’édition existe depuis vingt ans maintenant et l’estime encore au mileiu de son chemin à parcourir. Durant cette période, le succès grandissant du manga en Europe et en France a poussé Coamix à lancer son concours Silent Manga Audition, ouvert à tout auteur dans le monde. Les participations se font de septembre à décembre via leur site [https://www.manga-audition.com].

Suite à cela, devait être diffusée pendant la conférence la vidéo de présentation du concours, mais qui n’arriva pas tout de suite, Hōjō proposa alors en attendant que le traducteur chantât une chanson, mais il fut sauvé par l’arrivée finalement de la vidéo

 

15) Ses attentes quant à la série Cat’s Eye TF1 à venir

Il est étonné que des gens aiment encore une œuvre originale des années 1980 mais il est impressionné de la passion de voir ce projet d’adaptation aujourd’hui.

 

Seconde partie: les questions du public

1) Projets futurs

Il n’a pour le moment pas de nouveau projet de prévu, sachant qu’il pourrait être à la retraite. De plus, sa vue ayant baissé, il ne peut plus dessiner de façon aussi précise et détaillée qu’avant. Il essaye de créer un style adapté mais il ne garantit pas de refaire une œuvre.

 

2) L’épisode le plus drôle qu’il a écrit dans City Hunter

Il a peut-être donné l’impression qu’il a souffert durant sa carrière, mais il précise qu’il s’est toujours amusé à faire du manga.

 

3) Face à un très bon personnage comme Ryo, les adversaires étaient trop faciles à battre, n’a-t-il jamais eu envie de donner plus de difficulté à Ryo

Hōjō souligne qu’il y a beaucoup de différence entre l’anime et le manga. L’un est très orienté action et l’autre plus comique. Dans le manga, il se focalise plus sur le côté dramatique donc il a moins réfléchi au côté action. Toutefois, le prochain film d’animation s’axera sur davantage de difficulté pour Ryo.

 

4) Son avis sur l’Intelligence Artificielle dans le manga, ainsi que son avis sur le tout premier film Cat’s Eye

Il n’a pas d’opinion sur l’IA, il pense qu’elle reste dépendante de l’humain, qu’elle aura toujours besoin d’une créativité de départ et d’ordres humains. Quand au film Cat’s Eye, il avait ainsi en le voyant "Ah c’est ça que ça donne quand c’est quelqu’un d’autre qui fait Cat’s Eye."

 

 

5) Family Compo, œuvre progressiste pour l’époque, comporte tout de même un personnage transphobe ; si Hōjō devait refaire ce manga aujourd’hui, le ferait-il de la même manière ?

Non, il le changerait, Masahiko serait très différent car maintenant il y a une meilleure acceptation dans la société, un tel manga aujourd’hui ressemblerait plus à un drame familial normal.

 

6) Le choix d’un personnage aussi obsédé sexuel que Ryo

Depuis l’âge de trois ans, Ryo a grandi dans un univers de guerre sans connaître de femmes de sa vie jusqu’à la puberté. Puis en arrivant en ville, il découvre la gente féminine avec éblouissement en pensant « Waou ! Que sont ces personnes magnifiques? ». C’est un personnage traumatisé par la guerre qui ses sentiments négatifs et devenant à fond sur les femmes.

 

 

Conclusion

Sur ces paroles s’est achevée la conférence avec un tonnerre d’applaudissements, l’ambiance est ultra joyeuse durant la conférence et Hōjō nous a bien fait rigoler à plusieurs reprises. Bravo également au traducteur qui a fait un travail remarquable.

 

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