Shigurui
série complète compilée en 10 volumes chez Meian
300 noir et blanc (réédition Meian)
1630, dans la province de Suruga, au Japon. Le cruel prince Tadanaga Tokugawa, troisième frère du Shogun Iemitsu, décide de rassembler les plus vaillants combattants pour les faire s'affronter en tournoi. Le premier duel oppose deux hommes qui semblent se connaître, Gennosuke Fujiki et Seigen Irako. Mais quels sont réellement leurs liens ?
D'après le roman le Tounoi du château Suruga (Surugajo gozen jiai) de Norio Nanjo
Résumé des Tomes
Avis
"Je connaissais vaguement de vue Shigurui de par ses couvertures peu engageantes. Et puis je suis tombé sur Shigurui son adaptation télé, et là, ça a été le coup de coeur direct. Le troisième étape est donc de revenir à l'original.
Le manga commence par son issue. Six guerriers seulement survivront à ce tournoi organisé de façon illégale. On aura deux types de flash back : ceux nous ramenant dans la chronologie des affrontements (pas encore abordé au tome 3 de la série), et ceux nous renvoyant encore plus loin, vers le passé des personnages principaux, notamment la confrontation entre Fujiki et Irako.
Le dessin est de qualité, mais le design ne nous caresse pas dans le sens du poil : les visages sont très ovales, les femmes ont des nez très courts, ça ne rend pas les personnages très beaux.
Je ne me souvenais plus exactement pourquoi l'animé m'avait scotché, cette lecture me l'a rappelé : les personnages sont tous complètement frappés, ils sont monstrueux, psychologiquement parlant, mais leur trait de caractère se reflète dans leur corps et dans leur techniques de combats. Je vous laisse découvrir, c'est pas banal.
Ce que l'on ressent de l'oeuvre originale, de l'auteur du roman, c'est le masochisme décrit par Shozo Numa (Yapou, Bétail Humain), dû à la défaite de la seconde guerre mondiale. Norio Nanjo a écrit des romans sadomasochistes mettant entre autre en scène des samouraïs, mais il a également contribué à la reconstruction du pays, en tant qu'expert en économie...
Shigurui est un véritable coup boken dans le menton !"
Docteur Spider, trois tomes lus, 18/09/08
J'avais commencé par la série quand elle débutait sa diffusion par le biais du fansub. J'avais été très séduite par la qualité de l’anime, le character design impeccable, les couleurs froides très bien choisies, les combats très classes. Mais comme l'a dit Doc, le rythme était lent et j'ai décroché au bout de trois épisodes. Peut-être dans l'attente de regarder la suite plus tard quand j'aurai été davantage réceptive. Finalement c'est avec le manga original que j'ai repris Shigurui.
Petit laïus d’abord concernant la cible éditoriale de ce manga: il a commencé sa publication dans un magazine shonen pour ensuite continuer dans un magazine de seinen, Shigurui est donc à la fois un shonen et un seinen, même si je trouve inconcevable qu’un éditeur ait pu envisager d’adresser ce manga pour ado voire préado. Le premier chapitre d’ailleurs est un peu lourd avec tous les termes techniques de la hiérarchie sociale des seigneurs de guerre, les événements historiques et les personnages qui ont l'air très étranges. On voit bien que cela ne s’adresse pas à n’importe quel public. Un fois passée cette introduction déroutante, la suite du manga devient saisissante!
La longue analepse qui s’amorce explique la rencontre des deux protagonistes et donne au fur et à mesure tout son sens à la scène du premier chapitre. Gennosuke et Seigen sont tous deux aussi charismatiques l'un que l'autre, chacun dans son style. Le premier droit avec un sens du devoir inébranlable, le second plus manipulateur et électron libre.
Shigurui est bien loin des mangas d'action rencontrés couramment. La lenteur des combats n’a d’égale que leur intensité. Plus les tomes avancent, plus le mangaka nous faire ressentir jusqu’au plus profond de nous-même la tension des corps et leur concentration dans chacun de leurs mouvements. Pour ce faire, il déploie un formidable travail d’anatomie des personnages, où l’on voit le moindre muscle se contracter. La violence et le sanglant quand ils surviennent ont de quoi nous abasourdir tant les personnages peuvent se révéler implacables. Cependant, si on est réceptif au genre, loin de nous dégoûter, Shigurui nous fascine, provoquant une contemplation de l'horreur. Le mangaka semble prendre un malin plaisir à estropier ses personnages. Le terrible charme du manga s’exerce aussi dans la finesse avec laquelle l’auteur dépeint tous ses personnages, qui vivent une tragédie et une horreur tout autant psychologique donc. Beaucoup passe par l’image et des non-dits, certains passages ambigües prennent leur sens bien plus tard, rendant la lecture d’autant plus captivante. Dans cette optique, le personnage de Mie n’est pas mon préféré, mais la jeune femme demeure tellement mystérieuse à mes yeux. Je vous invite à lire mon avis dans le résumé du tome 15 (spoiler bien sûr) pour le détail et en parler.
Tous les personnages bénéficient d’un soin presque acharné pour représenter ce qu’ils ressentent. Au-delà de l’action, on ne peut nier aussi que l’auteur nous offre de quoi se rincer l’œil, car il met très souvent ses personnages à nus, femmes comme hommes. Il les dépouille de tout apparat quand il s’agit de dévoiler leurs sentiments intimes, mais un fort érotisme se dégage par la même. Et la plastique des personnages offre il faut bien l’avouer un régal pour les yeux; oui, Gennosuke et Seigen sont souvent représentés nus avec des poses sexy sans tomber dans le fan service de bas étage en particulier pour Seigen, que l’auteur sublime pour les besoins de l’histoire. Le dessin évolue d’ailleurs énormément entre le début et la fin du manga. Le premier tome commence avec des traits très fins, peut-être un tout petit peu moins assuré. Progressivement, les contours des personnages se durcissent, leur expressivité devient de plus en plus saisissante. On atteint l’apogée entre les tomes 4 à 6 environ. Après, je trouve que l’auteur a tendance à un peu trop forcer les traits des visages, les rendant moins beaux, mais encore plus torturés à l’inverse. Le formidable de travail de mise en ambiance mérite aussi les louanges. Les décors sont hyper détaillés, le tramage super et sans reparler des mises en scènes à couper le souffle que j’ai déjà ovationnées auparavant;
De nombreux éléments historiques viennent s’ajouter à cette lutte intestine du dojo Kogan, ouvrant notre horizon et nous donnant envie de découvrir plus encore cet univers. Même si tout cela reste un peu périphérique à l’histoire principale, on sent que l’auteur a parsemé d’autres intrigues pour continuer son manga et complexifier son intrigue. La fin sera d’ailleurs assez frustrante, bien qu’excellente. J’en viens même à me demander si ce n’est pas une directive de la maison d’édition pour finir son manga un peu vite.
Shigurui est un formidable manga de samouraïs et sans doute le plus viscéral qu’il m’ait été donné de lire. Il m’a autant prise aux tripes que Basilisk, qui peut être son penchant ninja de ce manga (lui aussi adapté d’un roman très ancien!). Ne vous arrêtez pas au premier abord des couvertures sanguinolentes peu engageantes et pénétrez dans ce monde impitoyable. Certes, quand on formule tant d’éloges, le risque de déception demeure accru, mais j’ai tellement aimé ce manga que je ne pouvais en faire moins.
Hanoko, le 4 octobre 2019 (trois volumes lus d'abord le 22/10/08 puis tout de lu et relu en 2019)
Voir aussi Sidooh
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