Magi – The Labyrinth of Magic

Avis

Aaah voilà bien longtemps que j'espérais un jour lire un manga inspiré des Mille et une nuits (ce qui est un abus de langage en l'occurrence puisque bon nombre des légendes reprises dans ce manga ne viennent pas des Mille et Une Nuits mais c'est plus commode de désigner l'ambiance de manière parlante). J'avais lu quelques oeuvres pas mauvaises sur le sujet mais qui demeuraient mineures. Avec Magi, en voici donc une longue série version Shônen. En fait cela faisait un petit moment que ce manga était dans ma ligne de mire mais je n'avais jamais pris le temps de me lancer à cause d'un grand nombre d'autres séries commencées avant. Cependant, quand je me suis mise à sa version animée Magi, The Labyrinth of Magic sortie fin 2012 qui a vraiment fini par m'emballer, je me suis tournée vers le manga pour prolonger le plaisir. Prolongement de plaisir il y a eu et bien au delà! 

Nous suivons toute l'épopée d'un drôle de duo, Aladin et Ali Baba : après de drôles de circonstances de leur rencontre, ils font équipe pour aller explorer l'un des légendaires Labyrinthes à l'issu desquels les aventuriers victorieux ressortent avec gloire et pouvoir. Mais les choses ne sont pas aussi simples qu'elles semblent être ! Ils ne seront pas seuls sur l'affaire et qui sait ce qui les attendra à la conclusion de cette quête...
Magi commence sur une histoire axée sur l'aventure et les énigmes avec la visite du Labyrinthe par nos héros. Puis l'histoire prend un autre tournant, mettant en scène des combats dramatiques et complots politiques. De nombreux personnages font leur apparition venant complexifier et donner plus d'ampleur encore au récit dont plusieurs introduits au début mais au véritable rôle dévoilé plus tard.
Plusieurs civilisations vont se confronter dans des luttes pour le pouvoir, des causes personnelles, des convictions éthiques diverses. Le tout toujours teinté de magie mythologique et de moments d'humour, alliant habilement gravité et légèreté dans le scenario. L'ambiance de ce manga est vraiment unique non seulement par cette réinterprétation originale des contes arabo-persans et des éléments de la mythologie zoroastrienne, mais aussi par sa rencontre avec d'autres milieux. On remarque d'ailleurs l'effort de l'auteure à différencier chacun des peuples tout autant dans les tenues vestimentaires, les architectures et dans la manière de dessiner leur visage, même si ce n'est pas toujours flagrant sur ce dernier point.
Magi comporte donc un panel de personnages diversifiés et pêchus qui rendent le manga passionnant et intrigant. Ali Baba, Aladin, Morgiane, Sindbad, Judal, Cassim... tous sont plus attachants les uns que les autres, possédant chacun un côté sérieux et amusant! En revanche, contrairement aux nombreux personnages masculins très variés, je trouve que l'auteure manque cruellement d'imagination pour les personnages féminins. Mis à part Morgiane et quelques personnages au rôle très secondaires (Zaynab ou le Djinn Paimon), les personnages féminins manquent de classe et sont trop banals. Autres petits bémols, on retrouve beaucoup de bon sentiment un peu trop simple dans cet antagonisme prosaïque entre riches et pauvres, ainsi que quelques caricatures stériles (je pense directement à Abmad et Sabmad au design affligeant). Mais on pardonne bien vite ces bévues car cela n'entrave en rien l'histoire captivante, qui ne manque pas de rebondissements.
Magi ce sont aussi toutes les clefs d'un Shônen réussi: une quête initiatique avec un héros qui s'améliore (même deux ici, Aladin et Ali Baba se partagent la vedette), un système de combat bien propre au manga, une sorte de hiérarchisation de la puissance des personnages, chaque personnage développe son propre style de combat. Ce manga parvient brillamment à exploiter les éléments de mythologie repris afin de faire un manga d'action qui n'a rien à envier aux autres !
Magi prouve encore une fois toute sa richesse dans la qualité de ses pages. J'aurais aimé un peu plus de charme tel celui d'un XXX Holic version Mille et une Nuits ici, mais Magi reste un Shônen qui se veut accessible au plus grand nombre jusque dans son style graphique. L'auteure possède tout de même un style qui lui est bien propre. Même si on remarque par moment un léger manque de maîtrise, le character design, l'expressivité des personnages, la composition vivace des pages et parfois d'impressionnants décors (que l'on doit à des assistantes efficaces ? ^^) suffisent amplement à nous séduire. Par ailleurs, Shinobu Ohtaka a quelque chose de particulier dans son trait qui rappelle un peu de vieilles BD occidentale (dans les plis des vêtements, les formes des personnages, etc.), c'est plutôt surprenant mais non moins agréable. 

Magi apporte une ravissante touche d'exotisme dans le monde du Shônen tout en offrant une histoire prenante qui n'a rien à envier aux autres séries. Je suis conquise !
PS: je me demande si apparaîtra par la suite le personnage de Shéhérazade, je la verrais bien comme une déesse un peu farceuse et décalée telle une Kanzenon Bozatsu de Saiyuki ^^. 

Hanoko, dix tomes lus, le 03/02/2013