Dead Flag

Avis

Un jeu de la mort, un de plus, impliquant des lycéens. Le scénariste s’inspire de l’imaginaire autour de la piraterie, pour mettre en scène l’entre-déchirement de tous les élèves d’un lycée. Massacrer, voler, saccager, survivre et aussi former des équipes seront de mises pour que les élèves puissent gagner des points et seuls les meilleurs seront épargnés à échéance.

Ce manga aurait pu être intéressant, s’il s’affranchissait réellement des clichés du genre et exploitait le potentiel de son concept. En effet, l’auteur reprend uniquement la vision fantasmée et négative de la piraterie, qui consiste uniquement à piller, tuer sans vergogne pour obtenir ce que l’on souhaite. Sauf que là, les élèves y sont forcés, dans un périmètre restreint. Ils pourraient s’en aller mais une mer invisible encercle le lycée, et à part se bidouiller un radeau, on ne voit guère ce qui pourraient construire d’autres les enfants avec ce qu’ils peuvent trouver dans ce lycée (qui est semble-t-il un lycée général et non un lycée technique dans le bâtiment par exemple). L’auteur pourrait inclure aussi des images plus positives comme le goût de l’aventure, la liberté et, caractéristiques beaucoup moins véhiculées dans les imaginaires, un mode de vie alternatif et un système politique anarchique avec ses propres règles (contrairement à une idée reçue, l’anarchie ne signifie pas le chaos sans foi ni loi). L'histoire serait davantage sortie de l'ordinaire en narrant un jeu qui ne soit pas en huis clos, qui laisse le choix aux élèves de tuer ou non, de pouvoir jouer de leur influence ailleurs, de favoriser les points en équipe, etc.

Là pour le moment, on nous sert de la boucherie en abondance, avec les missions données aux élèves qui incitent seulement à la violence. De plus, au cours de ce tome 1, l’auteur accélère le processus, comme s’il torchait lui-même son histoire. On voit quelques groupes qui se forment parmi les élèves, le manga réussit quand même à nous donner envie de voir comment plusieurs d’entre eux évolueront (Leo, Yûto, Homare…). Dommage que le héros soit un stéréotype sur patte de protagoniste de shonen. On est aussi intrigué de découvrir ce qui se cache derrière ce jeu, l’auteur nous en donne quelques indices vers la fin du tome 1.

Le dessin n’est pas de super qualité, le style du dessinateur est banal. Cependant, on voit qu’il donne tout pour représenter la folie furieuse des personnages commettant des atrocités, c’est nerveux à souhait et on sent bien combien l’action se déroule à vive allure. Il ajoute plusieurs cases ecchi totalement gratuites (comme souvent en la matière, ne lésinant pas sur la poitrine des filles). Bon, il se fait plaisir. Heureusement que cela ne survient pas trop souvent.

L'idée de combner piraterie et jeu de la mort n'était pas mauvaise en soi, mais le manga se présente pour le moment comme un jeu de la mort banal ne volant pas très haut.

Hanoko, tome 1 lu, le 16/07/2022