Cross of the cross

Avis

Les enfants peuvent être tout autant adorables que cruels, ne se rendant pas compte des conséquences de leurs actes par manque d’empathie. Ainsi, ils commettent des actes de méchanceté sévères pour tester des limites. Le petit Shun avait tout pour être heureux s’il n’avait pas été la cible d’une bande de tortionnaires de sa classe le harcelant et le violentant. Quand ils commettent l’irréparable, Shun jure de leur faire payer, dût-il lui nécessiter plusieurs années pour ça.

Dans les grandes lignes, le manga m’emballait modérément. Les personnages me semblaient un peu trop caricaturaux et exagérés dans la cruauté, en particulier Kyō qui tient des propos totalement invraisemblables pour un enfant, alors que l’ambiance générale semblait plutôt réaliste au départ. De plus, je ne voyais pas trop ce que ce manga allait apporter de plus sur le sujet de l’ijime et de la vengeance. Cependant, quelques détails éveillent quand même ma curiorité.

À commencer par la durée du manga, qui s’étale déjà sur plus de vingt-deux tomes alors que je me serais attendue à une série courte pour une telle histoire. Je me demande bien quels rebondissements l’auteur a insérés dans son histoire pour la prolonger ainsi. Comment Shun fera-t-il pour approcher ses cibles et les juger au regard des années passées depuis la primaire ? Certains deviendront-ils des alliés ? Lui-même basculera-t-il un jour dans le meurtre ? Chizuru aura-t-elle un rôle important ?

Ensuite, on aurait pu croire que le héros allait se transformer en pur être de vengeance, dépouillé de tout sentiment positif et n’aspirant qu’à punir ses anciens tourmenteurs. Mais il semble garder une part d’ambivalence, d’une part avec sa métamorphose de gros dur à cuire et d’autre part avec une facette encore un peu naturelle pour un adolescent. La couverture, en montrant un Shun au regard implacable comme jamais, nous laissait croire qu’il ne ressentirait plus rien d’autre que de la haine. D’ailleurs, au vu de la qualité de l’illustration, le contraste avec les planches, beaucoup moins lisses et moins maîtrisées, nous déroute. Le mangaka débutait dans le métier avec ce manga, on le ressent bien mais l’on voit tout de même son potentiel quand d’une case à l’autre, les dessins peuvent être réussis ou bien totalement ratés (notamment les expressions faciales de douleur souvent foireuses et grossières). J’attends donc de le voir hisser le niveau de ses planches à celui de ses illustrations.

Ensuite, le grand-père de Shun lui a aussi bien inculqué les arts de tuer que la capacité de pardon, il va donc laisser une chance à ses cibles de se racheter. Les petits yonkamas de fin du premier tome apportent une touche d’humour, qui arrivent un peu comme un cheveu sur la soupe au vu de l’ambiance générale, mais qui ma foi, donnent envie de voir un peu plus le quotidien de Shun chez son pépé ! On espère en découvrir plus à son sujet aussi.

Un manga qui s’annonçait too much dans le traitement de son sujet, mais qui donne tout de même envie de voir comment les choses avanceront !

Pour poursuivre sur le sujet, d’autres enfants terribles dans Litchi Hikari Club, Les Fleurs du Mal ou la référence sur l’ijime, Life.

Hanoko, un tome lu, le12/02/2024