Phénix – L'oiseau de feu

Avis

Il y a bien des années, j’avais regardé le film d’animation adapté de ce manga, Phénix, l'oiseau de feu (Space Firebird), que j’avais trouvé peu mémorable à l’époque. J’étais loin d’imaginer l’œuvre originale colossale qu’il dissimulait. En effet, Phénix l'oiseau de feu, bien qu’il ne comporte que douze tomes (selon les éditions), constitue l’œuvre d’une vie pour Tezuka, qui a pourtant pléthore des mangas et animes à son actif.

Le manga s’articule autour d’arcs narratifs se déroulant en différents lieux et époques, il effectue des allers-retours dans le temps, la conclusion arrivant dès le tome 2, mais ayant entre les deux repères chronologiques tant à narrer. Le manga est paru dans plusieurs magazines des années 1950 à 1980, adoptant des tons divers selon les histoires et les publics. L’auteur a également réécrit plusieurs parties de ses chapitres entre la prépublication et les versions reliées. Nous découvrons cette dernière version dans les éditions françaises. Comme souvent avec ce type d’œuvres à multiples facettes, j’aurais été vraiment curieuse de pouvoir comparer les versions, mais retrouver les planches originales de Tezuka serait un vrai travail d’archéologue !

Après ces considérations bibliographiques, venons-en au contenu du manga. Le premier tome propose une histoire relatant des premiers récits historiques mentionnant le Japon antique, revu avec le point de vue de l’auteur et l’ajout du phénix comme élément conducteur. On peut y lire une épopée remplie de tragédies humaines et de moments de joie, ponctuées de batailles et luttes. Un manga au scenario très rude mettant en scène des morts cruelles, déjà à l’époque les shonen pouvaient être hardcore ! Le trait enfantin de Tezuka et ses blagues anachroniques amoindrissent l’effet dramatique au début. Je reconnais avoir pas mal ri, mais regretté cette atténuation. Cependant au fur et à mesure, il se départit de l’humour et l’impact du récit grandit. On y suit plusieurs personnages et les retournements de situation ne manquent pas. L’auteur y aborde habilement les épaisseurs plurielles des tempéraments humains, tout en mettant en relief leur vanité face à la vie de l’oiseau immortel, qui tente de faire comprendre aux uns et autres de se détacher de désirs qui ne contribueront pas forcément à leur bonheur.

Niveau dessin, c’est du pur Tezuka, cela reste d’excellente qualité si on aime ce style. On remarque que les décors demeurent très sommaires, témoignant de sa doctrine à l’époque de résumer un manga à l’essentiel et de se focaliser sur l’histoire plutôt que des petits détails. Chose qu’il changera par la suite selon les nouvelles tendances dans les mangas. Nous verrons donc comment évoluera son style sur les tomes suivants.

Je vous en reparle quand j’ai lu la deuxième histoire, se passant cette fois dans le futur. Mais ce manga demeure incontestable une œuvre majeure de l’auteur et de l’histoire du manga, qu’on aime pas Tezuka.

Hanoko, un volume lu, le 06/11/2022