Yokohama Station Fable

Avis

La technologie prend le contrôle d’une population, mais d’une manière incongrue. Un phénomène mystérieux réplique indéfiniment des portions de la gare de Yokohama, horizontalement et verticalement. Devenue un géant complexe, elle recouvre l’île principale du Japon et impose ses règles aux habitants. Et les contrevenants se font éjecter. Dans ce contexte, un jeune homme vivant à l’extérieur va saisir l’opportunité de découvrir cette gare en accomplissant la dernière volonté d’un résistant contre le diktat de la gare. Et nous voici embarqués pour une aventure des plus insolites.

Il y avait bien longtemps que je n’avais pas lu une une histoire avec un imaginaire si atypique. On ignore pour le moment quelle a été la cause de cette expansion automatisée (je suppose !) de la gare, qui a totalement redéfini le cadre de vie des Japonais en appliquant ses règles intrinsèques : titre de transport obligatoire, sanction aux fraudeurs, présence de contrôleurs (humains et machines), galeries marchandes, etc. Hiroto a tout à y apprendre et suivre son escapade est d’autant plus amusant et intrigant pour nous, qui en savons plus que lui de part notre vécu dans des grandes gares. Et le manga nous permet aussi d’entrevoir les luttes de pouvoirs et d’influence que des groupes humains ont de nouveau initiées après le chamboulement de la vie à l’intérieur de la gare. L’ambiance n’est pas à la dystopie puisque nous ne suivons pas le point de vue des rebelles mais celui d’un garçon a priori lambda qui ne manifeste pas de pensée politique jusqu’à présent. La situation lui paraît normal et son flegmatisme ne le poussera pas à vouloir tout révolutionner. Évidemment, on se demande aussi ce qu’il se passe en dehors de l’île voire dans le reste du monde.

Le dessin est bon, collant bien avec l’ambiance générale. Le trait de l’auteur reste perfectible, mais il s’agissait de son premier manga, d’un niveau donc déjà tout à fait honorable. Ayant lu avant l’un de ses mangas ultérieurs, Wolf won’t sleep, je peux témoigner de la progression du monsieur (dont j'ai reconnu la patte ici à sa manière de dessiner le menton du héros ). Par la même, Hiroto semble avoir aussi un peu inspiré le héros du manga suscité. J’espère que par la suite, il y aura davantage de scènes présentant d’impressionnants décors et structures pour mettre en valeur cette gare à l’échelle presque nationale.

Un petit ovni parmi les seinen, à la fois terre à terre et bien perché, qui stimule l’imagination. Une chose est sûre, je ne verrai plus de la même manière ma suika (la carte de transport utilisée dans la capitale nippone) gardée en souvenir de mes vacances au Japon !
Ps : il semble qu’une erreur ou du moins une imprécision se soit glissée sur la couverture française du manga, Tanaka Tatsuyuki n’est que l’illustrateur du roman original, non son écrivain comme on pourrait le croire avec la mention "œuvre originale".

Hanoko, un tome lu le 26/01/2024