Sengo

Avis

Deux anciens camarades de guerre se retrouvent par hasard, à la fin de la seconde guerre mondiale. Essayant chacun de s’en sortir à sa manière, leur quotidien va se croiser de plus en plus, les amenant à travailler ensemble, à s’épauler et à se remémorer leur passé militaire. Ils croiseront de nombreuses personnes, faisant ce qu’elles peuvent pour survivre, plus ou moins dans la légalité. Plongée dans un quotidien en reconstruction suite à la défaite du pays.

Sengo nous offre un portrait regorgeant d’authenticité sur le quotidien de gens qui ne se laissent pas abattre malgré la situation. Aux côtés de nos deux compères, nous découvrons la vie de moult personnes, avec chacune son profil, son parcours, sa manière d’aborder la vie et ses astuces pour subsister. Le manga arbore un ton léger, où les personnages ne tarissent pas de boutades les uns envers les autres, Kadomatsu le premier qui ne rate d’ailleurs jamais une occasion de corriger de manière musclée quiconque le contrarie. Cependant, il aborde aussi, avec un naturel tant vrai que désolant, des choses beaucoup plus crues, comme la prostitution et le viol. Le soin apporté à tous les personnages et leurs répliques fait tout le charme de ce manga. Il convient aussi de féliciter le travail de traduction, remarquable pour la qualité des tournures de phrases ainsi que toute l’étendue du lexique emprunté à l’argot, qui m’a forcé bien des fois à chercher des définitions haha !

Viennent pour illustrer cette histoire des dessins collant parfaitement. Il y a un côté très bande-dessinée européenne dans la composition des pages, des codes graphiques utilisés, certaines mimiques. Mais avec tout le peps comme j’ai tant dans les mangas (je ne dis pas que les BD franco-belge est toujours morne, mais les mangakas me fascinent pour leur talent à insuffler tant de vie dans leurs planche). On sent que l’auteur a officié pour des magazine gays et érotique plus généralement, dans l’aspect très charnu des personnages, dont les formes semblent palpables malgré l’usage très réduit de trames. Mais les corps restent réalistes. J’aodre aussi les trombines de chaque personnage et leur amusante expressivité. Les décors ne sont pas très détaillés, mais suffisent amplement.

Un manga drôle, touchant, parfois dur aussi, à réserver à un public adulte.

Hanoko, deux tomes lus, le 29/02/2020