Japon, 1 an après [8 regards sur le drame]

Avis

Suite à la catastrophe de Fukushima, les gestes de soutien à travers le monde ont été adressés au Japon, sous diverses formes. Kazé a choisi d’apporter sa pierre à l’édifice en publiant ce recueil, réunissant une douzaine de mangakas, japonais pour la plupart et trois français. Chaque chapitre se précède d’un questionnaire identique posé à chaque auteur sur comment ils ont vécu cette catastrophe.

Comme souvent dans les recueils d’histoires indépendantes, certaines histoires vont nous toucher plus que d’autres. Ici, on peut même parler de niveau inégal, certaines histoires demeurant un peu anecdotiques ou au dessin laissant à désirer, à l’inverse d’autres, qui sont bien plus puissantes émotionnellement.

Les chapitres sont à la fois variés et un peu tous similaires.

• Variés car les personnages sont très différents, tout comme les pattes graphiques et les tonalités adoptées. La plupart s’attache bien sûr plus au drame, mais d’autres se révèleront plus légères, voire très peu liées à la catastrophe, comme C’est ton tour, Gaichi !, où l’on ne voit presque rien de la catastrophe. D’un côté, même si je l’ai appréciée, on a l’impression qu’elle est hors sujet, de l’autre, il est intéressant que les autres montrent que les personnes sinistrées ne se résument pas seulement à ce statut et continuent de développer leur vie au-delà de la survie.
• Similaires car les chapitres abordent surtout un point de vue individuel, narrant la reconstruction et la survie — surtout moralement — après cet terriblement événement. Dans ce critère, seul Le symbole de la reconstruction se démarque, suivant toute une équipe.

Cependant, mon histoire préférée demeure de loin Un centenaire à Fukushima, la plus aboutie aussi bien niveau scenario que dessin. Sa portée plus politique que les autres m’aura sans doute aussi interpelée, le héros nous livrant ses pensées à travers les grandes étapes de sa vie. D’ailleurs, dans son entretien, il mentionne aussi la réaction de ses chats. Cela met en exergue que ce récit reste totalement anthropocentré, cela aurait été intéressant d’imaginer le point de vue d’une autre espèce. De plus, pas un seul mot sur l’écologie, ni sur la centrale nucléaire, ni sur la misère engendrée pour beaucoup de familles ayant tout perdu, ni sur la politique. La catastrophe en elle-même n’est presque pas représentée, seulement ses conséquences.

Japon, 1 an après reste un assez beau recueil né d’une intention plus que louable. Le contenu reste très édulcoré cependant. Peut-être faut-il aller lire des mangas comme Daisy, lycéennes à Fukushima pour un scenario un peu plus audacieux?

Hanoko, le 03/06/2020