Enemigo
Résumé global
Après avoir connu la dictature et la guerre civile, le Nacencio, État d'Amérique latine, s'engage sur la voie de la modernisation. Afin de transformer la jungle du sud du pays en terres arables, les autorités font appel à la société japonaise de bâtiment Seshimo.
Lorsque Yûji Seshimo, son jeune et brillant président, se rend sur place, il est kidnappé par des mercenaires qui demandent l'arrêt immédiat des travaux.
Manoeuvre du lobby du blé américain afin de contrer un concurrent potentiel ? Baroud d'honneur des derniers partisans de la dictature ? Opération commando des forces révolutionnaires ? Complot des membres du conseil d'administration de Seshimo hostiles au trop jeune patron ?
C'est à Ken'ichi, le frère de Yûj, qu'il revient de démêler l'écheveau. Accompagné de Gloria, la secrétaire de son frère, cet ancien du Vietnam, aujourd'hui détective privé aux Etats-Unis, s'enfonce dans la jungle du Nacencio où l'attendent trahisons, courses-poursuites, guet-apens et autres réjouissances !
Avis
Les éditions Casterman continuent de fouiller la bibliographie de Jiro Taniguchi. Après Garôden, voici venu Enemigo, qui date de 1985, et qui est la plus vieille publication de l'auteur disponible en Français. Est-ce que le titre est aussi bon que les productions plus récentes du maître ?
Alors qu'il est en tournée d'inspection dans la jungle d'un pays d'amérique latine, Yûji Seshimo, se fait kidnapper, par une guerilla pro américaine en lutte contre le gouvernement pro-socialiste du pays. Les ravisseurs demandent le départ de la société japonaise du territoire. Apprenant la nouvelle, son frère, détective privé et ancien du vietnam (le récit se situe au début des années 80), qui se moque des enjeux politique de l'affaire, se rend sur place pour le délivrer coute que coute.
Dans Enemigo on est loin du Taniguchi rêveur et intello de ses oeuvres connues. Ici on est plus proche d'un bon vieux Rambo... et c'est pas mal du tout. De l'action, des rebondissements, un bon coup de crayon, une intrigue rondement menée. Que demander de plus ? On prend plaisir à lire à lire ces quelques 300 pages d'aventure.
Le manga est servi par une belle édition : grand format, pages couleurs en début de chaque chapitre. En bonus : une galerie d'illustrations, en couleur, puis en noir et blanc, puis une série de textes : Katsuya Terada (Saiyukiden : L'étrange voyage en occident) raconte de façon subjective son rapport à Taniguchi, puis l'auteur lui-même signe une postface à la réédition japonaise de 2007, qui revient sur les conditions d'élaboration de ce 1er manga "d'aventure action". Nicolas Finet signe un texte sur "Taniguchi avant Taniguchi", puis interview Vittorio Giardino, Baru, et François Schuiten sur leur lecture d'Enemigo et les références à leur travail dans le manga de Taniguchi. Puis l'auteur revient sur l'influence de la BD européenne et du cinéma américain sur son oeuvre. Bref des bonus atypiques et intéressants.
Un bon manga servi par une bonne édition. À découvrir.
Docteur Spider, 30/07/12
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