Dead Company
Ryosuke est le seul survivant d’un terrible massacre. Il ne sait pas pourquoi il s’est retrouvé impliqué dans cette turie, ni qui se cachait sous le masque de lapin porté par le responsable… Ces événements traumatisants lui permettent trois ans plus tard de décrocher un emploi de rêve dans la prestigieuse société Dead Company, spécialisée dans la production de jeux vidéo survival horror. Elle recrute sur un critère étrange : avoir vécu une expérience hors norme…
Le jeune homme y découvre toutefois une ambiance décontractée, chaleureuse et valorisant. Ses propositions pour rendre la tâche plus ardue aux joueurs qui s’entretuent à l’écran sont saluées par sa hiérarchie. Pour la Dead Company, son expérience vaut de l’or ! Mais les mignons personnages qui évoluent à l’écran dissimulent en réalité des humains de chair et de sang, contraints de participer à un véritable jeu de mort.
Résumé des Tomes
Avis
Tonogai Yoshiki a su marquer les esprits grâce à ses couvertures choc, lors de la parution de sa première série personnelle, [node :5122], via ses personnages portant d’effrayants casques à l’image d’animaux. À titre personnel, le scenario de ces mangas, tous dans la même gamme, m’avait modérément emballée, pas forcément très originaux ni surprenants. De plus, j’en étais vite venue à conclure que l’auteur surexploitait le filon initié avec son premier manga. Sans mentionner qu’entre temps, de multiples autres jeux de la mort en manga pullulaient de partout. De quoi nous faire saturer du genre. C’est donc assez blasée que je découvrais la couverture du premier tome de cette série. Cependant, cette fois, il nous invite à découvrir l’envers du décor, ce qui change complètement la donne.
Nous suivons un héros survivant d’un jeu de la mort, qui se remet tout juste de son expérience traumatisante et entre dans la vie active grâce à son premier emploi. Cependant, le passé le rattrape quand il se fait embaucher par une société qui, sous couvert de création de jeux vidéo, organise des jeux de la mort et voudrait son concours pour les rendre les plus vicieux possibles et pleins de rebondissements.
Le héros se retrouve seul au monde, replongé dans une autre facette de son calvaire passé. L’auteur nous décrit avec justesse comment on peut se faire prendre dans cet engrenage infernal, quand tout un système fonctionne avec une logique aussi cruelle que distanciée par rapport aux horreurs commises au nom du profit. Les collègues que côtoient Ryosuke lui témoignent toute leur sympathie, comprenant que mener de telles activités peut paraître difficile au début et qu’il faut s’acclimater progressivement. Notre héros, pour le moment indigné, va-t-il s’accrocher pour lutter contre cette société abjecte ? Cela semble bien parti pour le moment, d’autant que certaines personnes vont l’y motiver encore plus. Cependant, le doute reste permis, car la machine semble bien huilée pour le faire tomber dans le piège et le convertir en bourreau.
Ce système semble des plus atroces, à peine croyable, mais il n’en demeure pas moins qu’une illustration à petite échelle de ce que l’humanité a pu déployer comme sociétés moribondes à travers les âges. Nul besoin de citer l’exemple le plus emblématique des nazis, où bien des allemands se sont retrouvés pieds et poings liés pour essayer de se rebeller contre la doctrine du pays (au sens figuré mais aussi au sens propre). Cependant, comme je le disais, nul besoin de remonter aussi loin dans l’histoire. De multiples entreprises aujourd’hui dans de nombreux domaines (textile, alimentaire, haute technologie, etc.) nous ont bien prouvé que tant que la clientèle est là, qu’importe de faire travailler comme des esclaves des personnes à l’autre bout du monde, ou bien des travailleurs détachés chez nous, de provoquer la mort de bien des être vivants quels qu’ils soient, qu’importe d’employer des méthodes dépourvues de toute éthique (je ne dirai pas "inhumaines", car quoi de plus humain que l’hyper-civilisation qui maltraite les siens tout comme les autres espèce à outrance, souvent pour du superflu). Et c’est bien sûr tout un système à multiples strates qui le permet : un maillage alambiqué de prestataires peu scrupuleux qu’on emploie volontiers, des homme et femmes politiques presque tous corrompus qui favorisent ces pratiques ignobles, ainsi que la clientèle, des gens comme vous et moi qui soit par ignorance dans le meilleur des cas, soit par paresse, soit par mépris de ces considérations, consomment sans chercher plus loin. Le manga mentionne d’ailleurs très brièvement cet aspect quand Tanahashi veut faire comprendre que Ryosuke qu’il n’a aucun recours contre eux, qu’ils ont les autorités dans leur poche. Cependant, je doute que l’auteur ait réellement l’intention d’appuyer l’aspect politique de son manga (ce n’est pas Tsutsui non plus), le côté suspense semble davantage l’intéresser. La suite nous le dira.
En revanche, le travers qu’on retrouve dans ce manga comme dans beaucoup de jeux de la mort (on peut citer quelques exceptions comme Online The Comic), c’est que le héros est totalement isolé dans l’affaire, ne peut compter sur le soutien de personne, nous racontant vaguement que la police n’a pas cru une seconde au drame qu’il a déjà vécu. Des personnes qui s’entretuent comme ça, je peine à croire que le héros ne trouve aucun allié, que ce soit parmi les familles des autres victimes ou les media, comme il cite brièvement toute la pression des journalistes qui le harcelaient de questions par le passé. Sans omettre internet. Aujourd’hui, quand les autorités ne se dressent pas contre les crimes, bien d’autres moyens existent, comme faire le buzz sur la toile, pourquoi pas essayer d’impliquer ce qui pourrait être des Anonymous fictifs dans ce manga. Cela dit, nous n’en sommes qu’au premier volume, le héros est jeune et a encore tout à apprendre du monde pour faire ses armes, bref attendons de voir ce que l’auteur nous racontera par la suite.
L’atout de Dead Company demeure aussi de fournir un élément liant entre les précédents mangas de l’auteur, tous dans la même veine, répétitifs, mais qui prennent bien plus de sens désormais. Un peu tels les films Marvel présentant différents protagonistes et univers en vue de les regrouper ensemble dans des films généraux, Avengers et plus si affinités (je vais un peu loin là ). Néanmoins, je ne me souviens pas assez des autres mangas similaires de l’auteur pour repérer des concrètes références qu’il pourrait faire à leur sujet dans Dead Company.
Dans la rubrique dessin, cela reste toutefois assez rudimentaire. La qualité est trop juste, sans plus. Pile poil le nécessaire pour mettre en scène son histoire, sans vraiment nous marquer graphiquement. Je ne me souviens plus assez de ses précédents mangas pour attester d’une possible évolution.
Tous les Doubt, Judge et compagnie demeuraient affaire classée pour moi, mais avec ce manga, Tonogai gagne des points à nous orienter vers un autre aspect des jeux de la mort encore peu traité. Je doute qu’il développe dans son manga toutes les thématiques qu’il a pu m’évoquer et que sa portée aille delà du seul suspense, mais ce premier tome donne envie de connaître sa suite !
Hanoko, un tome lu le 11/09/2020
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