Club des Divorcés (le)

Avis

"Je suis tombée sur ce chef d'oeuvre à la bibliothèque municipale. Ces gros volumes révèlent une histoire toute aussi lourde et passionnante que leur poids en papier.

L'histoire nous plonge dans les années 70 et dans la vie de Yuko, une jeune femme divorcée et tenancière de bar avec hôtesses. L'auteur avait certainement dû donner un sacré coup de pied dans la fourmillière, le thème étant sans doute très tabou à l'époque. Nous découvrons ainsi la vie parfois peu reluisante de cette jeune femme qui tente de gagner de l'argent par ses propres moyens. Elle fait tourner son petit bar malgré la crise financière qui arrive au Japon et son statut de divorcée. ça n'en a pas l'air comme ça, mais au Japon dans ces années-là (et peut-être même encore un peu maintenant), une femme divorcée est très mal vue, surtout si elle a un enfant. En l'occurence, Yuko a une fille de 3 ans qui vit chez sa mère, faute de pouvoir la garder à cause de son travail. Ainsi, on découvre le drame de sa situation, elle qui refuse de dépendre d'un homme et de retomber dans ce statut d'épouse (qui pourtant ne lui déplaisait pas). En plus, le travail au bar n'est pas toujours très sympathique, les clients étant parfois de sacrés vicelards pour qui tout leur est dû.

Ce manga permet d'avoir un aperçu réaliste et sordide du Japon de l'époque, et de la difficile vie des femmes japonaises. Yuko est tiraillé entre son travail, son statut de mère et celui de célibataire. On la sent pleine de désirs amoureux et charnels mais elle semble craindre de retomber dans une routine déplaisante... Surtout qu'elle semble aussi nourrir des sentiments pour son ex-époux... Bref, la vie de Yuko est compliquée mais tellement bien dépeinte par l'auteur que je me passionne encore de ses déboires.

Le dessin est exceptionnel, une patte propre à cet auteur que l'on connait déjà bien. Certaines cases sont de véritables estampes où la grâce féminine est à son apogée. Le tout n'a pas vieilli, alors que le manga date quand même de 1973. Les sentiments des personnages et l'ambiance des scènes sont parfaitement dépeintes par le mangaka ; c'est du grand art.

Bref, un seinen fort intéressant malgré son rythme assez lent, une véritable plongée dans les pensées torturées d'une femme secouée par la société de son époque".

DDG, le 20/02/2022, un tome lu, le second bientôt.