Apprentie Geisha (l')
Résumé global
O-Tsuru (« la grue »), appelée ainsi parce que petite elle avait l’habitude de se tenir sur un pied pour réchauffer l’autre, a été vendue par ses parents pour qu’elle devienne une geisha. Elle va donc commencer comme shikomikka (« apprentie ») dans une okiya : la maison où vivent les geishas. En faisant les commissions de ses aînées, Tsuru va découvrir la vie de ses femmes. Enfin, un jour, son tour arrive. Elle se rend dans la chambre de son bienfaiteur. Celui qui, en payant les frais de cérémonie, va la faire entrer dans le monde des geishas. Tsuru va alors prendre le nom de Tsurugiku et devenir une geisha célèbre dans le monde des plaisirs.
Avis
Je suis tombée sur ce gros pavé à la bibliothèque locale. J’ai été assez captivée, même si la fin m’a laissée sur ma faim. Nous suivons l’apprentissage d’une enfant, vendue par ses parents à un bordel. Elle y réalise les basses tâches quotidiennes pour le compte des geisha, étant attachée plus particulièrement à l’une d’elle. Plus tard dans le tome, elle fera ses premiers pas comme geisha et manifestera de réelles prédispositions pour le métier. On ne saura jamais comment cela se termine puisque le manga s’achève sans préavis. C’est là le seul reproche que je peux faire au titre.
L’histoire ne permet donc de nous plonger dans le pas si reluisant quotidien des geisha des années 30-40. A travers bien sûr notre héroïne, mais aussi d’autres femmes gravitant autour, de la mère maquerelle aux très basiques « geisha d’oreiller », des prostituées sans prétention, en somme.
Nous avons un aperçu de l’économie difficile de l’époque, en période pré-guerre. Comme toujours, les riches profitent de la vie tandis que les pauvres vendent leurs filles aux bordels contre deux sacs de riz. Les geisha rêvent de devenir la favorite d’un homme riche et influent, afin d’être entretenue tout en n’ayant pas forcément à se coucher avec d’autres clients (d’ailleurs, j’ai cru comprendre que c’était très mal vu par les mécènes). Bref, j’ai apprécié découvrir ce sombre quotidien, parfois teinté de joie.
Le manga fait la part belle à la sexualité aussi, évidemment. Tout en douceur et en poésie, on suit notre héroïne dans la découverte de la sexualité si particulière du monde des geisha. Et pour le coup, le mangaka ne fait pas mauvaise presse de la prostitution et ne dépeint pas ces femmes comme de lubriques démones avides d’argent. Elles font leur travail mais savent aussi tomber amoureuse, aimer et souffrir.
Le dessin est reconnaissable entre mille, le talent de ce mangaka n’est plus à prouver. Le trait est poétique, doux et franc à la fois. Les émotions sont palpables, on s’attache d’autant plus aux personnages. La représentation des corps, surtout durant les actes sexuels, est sensuelle, timide et en même temps intense. Il se dégage de l’ensemble du manga une poésie impressionnante.
Bref, un manga vraiment très beau sur l’apprentissage d’une gamine devenue geisha, manga qui hélas se termine en queue de poisson. Une belle lecture malgré tout.
Ddg, le 08/08/2022
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