Hong Kong, révolutions de notre temps

Avis

Ce récit fait suite à TianAnMen 1989 – Nos espoirs brisés, paru il y a quatre ans, qui fait un état des lieux plus récent de Hong Kong et de l’évolution de sa situation.

Mon ressenti sera assez similaire au précédent ouvrage, étant donné que celui-ci reprend la même formule et traite quasiment du même sujet. Hong Kong, révolutions de notre temps peut se lire indépendamment, d’autant que la première partie se dédie à un récapitulatif historique de la situation particulière de Hong Kong depuis son appartenance à l’Angleterre puis l’arrivée de la rétrocession à la Chine. On y découvre le statut politique très particulier de cette mégapole, qui peut rappeler la situation de Taïwan (même si la configuration diffère). Puis les auteurs nous décrivent comment la cité tombe peu à peu sous le joug de la Chine, qui grignote progressivement sur les libertés et la démocratie censées perdurer pourtant durant cinquante ans après la rétrocession de Hong Kong à la Chine par l’Angleterre. Les auteurs nous permettent de découvrir à la fois les mouvements de protestations, les personnalités politiques intervenantes, les figures médiatiques qui ont pu jouer un rôle parmi notamment le monde du cinéma, quelques brefs témoignages d’habitants. C’est un plaidoyer poignant à lire.

Cependant, il manque à mes yeux une dimension économique et sociale au livre pour être complet. En effet, sans vouloir discréditer aucunement l’importance de la liberté, on a l’impression que le livre prône la démocratie juste pour la démocratie, on ne voit pas les conséquences (positives comme négatives) du changement de régime et l’impact direct sur le quotidien des gens, à part dans l’introduction où sont décrits les domaines d’activités initiaux de Hong Kong.

J’ai également le même avis pour le traitement graphique. Une bande-dessinée qui pourrait tout aussi bien être un livre illustré, où les dessins font office d’illustration et non de narration. En termes de pur dessin, la qualité n’est pas transcendante. Cependant, j’aime beaucoup les différents traitements graphiques à travers l’album. Des pages aux touches très picturales et dures avec des couleurs plutôt sombres pour représenter l’ambiance devenant oppressante de la ville. Elle contraste fortement avec quelques pages reprenant un style de manuel scolaire, ajoutant une certaine ironie visuelle par rapport à ce qui est décrit en cases.

Une BD à la fois complémentaire de TianAnMen 1989 – Nos espoirs brisés et indépendante, qui manque peut-être de globalité dans le traitement de son sujet. Mais qui n’en demeure pas moins pertinente pour comprendre Hong Kong qui passe de plus en plus sous les radars des media internationaux, éclipsé par Taïwan. Il convient donc de ne pas l’oublier.

Hanoko, le 13/08/2023