Miracle
Toute l'œuvre, radicalement novatrice, de Nakagami plonge ses racines dans les " Ruelles ", ce quartier de la ville de Shingû où il est né et où vivaient les burakumin, ces anciens exclus dévolus aux tâches impures ayant trait à la mort et au sang. A partir de ce lieu et de ce feu central, il a créé un univers fictionnel d'une extraordinaire densité, où les conflits et les drames enchaînent d'une génération à l'autre des familles liées par le même sang.
Miracle, parmi ses derniers romans, étincelle d'un éclat singulier et dénoue peut-être, en des pages d'une beauté qui ne cesse de hanter tout lecteur, ce n?ud inextricable de la fatalité. Il raconte l'histoire de Taichi, sa précoce ascension de jeune yakuza puis ses vicissitudes et son assassinat depuis longtemps annoncé. Taichi au tempérament de guerrier, dont le corps a le parfum de la ketmie d'été en pleine floraison ; Taichi porteur de ce sang maudit des Nakamoto qui les voue à un destin funeste.
Par la complexité de sa construction, le phrasé envoûtant de son écriture, ce roman habité par le désir, la violence, la trahison et la dépossession résonne, au-delà de l'impossible équilibre, d'un accord presque miraculeux.
Avis
"Ce qui m'a poussé à lire ce livre, c'est son résumé. Dès que je vois marqué "yakusa", je tombe sous le charme. Tout ce que je voulais pour se livre, c'était une histoire de gangster normale, à la Sanctuary ou autre, j'aurai été très satisfait de retrouver ce genre d'univers dans un roman.
La spécificité annoncée étant que ça se passe dans une communauté bien particulière, celle des burakumin, les parias japonais.
En entrée de lecture, on se fait surprendre par un narrateur qui n'est autre qu'un ancien parrain, qui a des hallucinations non loin de l'asile où il est interné, il discute avec le "fantôme" de la sage femme qui a mis au monde toute la population de la ville. Leur dialogue en début et fin de chaque chapitres permet de revenir sur les moments clefs de la vie de Taichi, de ses 7 ans à sa mort, précoce nous annonce-t-on.
Et c'est bien là un élément essentiel de ce roman, la jeunesse de ses personnages principaux, qui se droguent et se dépucèlent avant 10 ans, qui sont des petites frappes à 15, et une fois adulte sont des petits caids. J'ai tout de suite pensé à la La cité de Dieu (existe en roman et en film) qui se déroule dans les favelas brésilienne, et qui met aussi en scène des gosses. J'avais aimé le film. Mais Miracle non.
Et c'est cet élément en fait qui ne m'a pas plus dans ce roman : on se retrouve avec des ados truands de campagne, alors que moi je voulais des adultes citadins qui ont la classe. Je ne pourrais pas expliquer pourquoi j'accroche pas.
En parlant de trucs "pas classes" mais qui rendent quand même bien dans ce roman, c'est la langue argotique, ou mieux, familière employée par les personnages. A partir de là l'auteur fait des transitions de niveau de langage pour aboutir à une narration d'une très grande qualité.
Cependant il y a un aspect qui nous titille dans cette écriture : les formules récurrentes : du genre "sang croupi en cela que noble" , "Hide, tantôt dit l'aigle, tantôt le faucon" pas mal de formules que l'on retrouve assez souvent, anisi que pas mal de rappels qui sont déjà acquis par le lecteur (parce que déjà pas mal répétés), enfin ça donne du style, mais parfois ça soule.
Le problème du livre, outre l'aspect jeune des personnages (mais bon ça c'est tout à fait subjectif de ma part) c'est par exemple tout le milieu de l'histoire sur Ikuo (un des amis de Taichi) pas très intéressante (100 pages quand même). En un mot, dans ce livre il n'y a pas vraiment de scènes qui nous frappent. Autrement dit rien dont on va se rappeler comme étant spécifique à ce livre.
Car certes pour cette histoire de yakusas on retrouve les scènes habituelles du meurtre plus exil, petits trafics en tout genre, un peu de cul comme dit précédemment, etc. Mais ces scènes restent des "à côté". Ce que l'histoire raconte, c'est la vie de Taichi en tant qu'homme qui vit dans un certain milieux qui a un certain passé, qui doit l'assumer et le gérer. Et c'est donc avant tout ses relations avec les autres personnages qui sont au centre de l'intrigue, ça nous montre comment des amis d'enfance se disputent, les relations familiales, avec ses subordonnés et ses chefs, et encore plus que tout sa relation avec la sage femme qui est sans cesse présente. Mais même dans son aspect plus relationnel, il n'y a rien de vraiment saisissant. Ca tient la route mais j'en demande plus. Par exemple le fait qu'ils fassent parti d'une communauté de paria n'est pas vraiment importante.
Le dernier aspect du livre que je voudrais aborder c'est le délire du narrateur, la place de la superstition (on croit qu'un tengu habite la foret, les héros le rencontre, on a aussi droit à des exorcismes), plus, l'aspect tragédie grecque avec en guise de la vilaine Era, Bouddha qui a maudit les Nakamoto pour 7 générations. Tout ce côté un peu irrationnel est bien, si ça avait été la pierre angulaire du bouquin, je pense que le résultat aurait été assez détonant, mais ce sont avant tout des petites scènes de vie du village. Là où ça déconne c'est l'aspect ancien parrain qui pète un cable, qui a une narration rétroactive (il croit revivre en direct les évènements...), et comme il sait ce qu'il va se passer ensuite, parfois il nous spoile tout simplement. Il nous annonce quelques pages avant qu'untel va se pendre par exemple. Ca arrive deux trois fois dans le livre et c'est dommage. Le reste du temps c'est du bon délire quand même, avec du "je suis un kué, ou un dauphin" ^__^
(Mais par exemple on ne sait pas pourquoi ces jeunes gens sont soit disant maudits. Alors peut être qu'il faut lire les autres livres de l'auteur qui se passent au même endroit.)
Un livre qui tient la route, mais qui ne fait pas de miracles. Ca se lit, mais sans plus. Néanmoins je garde confiance dans l'auteur et lirai d'autres bouquins de lui car il a du style.
Docteur Spider, 14/09/05
Autres yakusas, autres supports : Sanctuary (manga), Guerre des gangs à Okinawa et Okita le pourfendeur - Yakuza moderne(film)
Voir aussi peut être Gold Rush, pour l'aspect "je suis jeune, j'en veux et je vais dans le mur".
Pour lire des histoires de yakusas qui correspondent à l'image qu'on en a : Yakusa, Enquête au coeur de la mafia japonaise
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