Maître, ou le tournoi de go (Le)
"Yasunari Kawabata, le grand romancier japonais, prix Nobel de littérature en 1968, nous donne ici son oeuvre la plus dépouillée - celle qui lui tenait le plus à coeur. En racontant un tournoi de go, qui se déroula réellement en 1938 et qui est resté célèbre dans les annales de cet art, il analyse avec une minutie passionnée le drame d'un vieux lutteur qui succombe.
Car, sous le couvert d'un cérémonial quasi liturgique, dans le cadre séduisant d'une auberge de campagne japonaise, le vieux Maître, le héros jusqu'alors invaincu de tant d'autres "rencontres", mène son dernier combat. En face de lui, un adversaire plus jeune, qui représente une autre sensibilité, un autre monde. Le Japon ancien affronte le nouveau, la tradition se défend contre le changement.
Sans que nul élève la voix, mais dans un climat d'une tension parfois insoutenable, le vieil homme va tomber sous les coups d'une puissante presse affairiste, des ambitions de la génération montante, et des intrigues de son entourage. En contre-point, l'auteur, ce merveilleux poète qui était aussi un habile joueur de go, commente les coups de cette partie pour laquelle même les non-initiés se passionneront et qui devient, sous sa plume, un jeu de vie et de mort.
On songe au Hermann Hesse du Jeu des perles de verre, ou au Nabokov de La Défense Loujine. Comme eux, mais de la manière unique qui est celle des conteurs orientaux, Kawabata sait évoquer les pouvoirs d'un haut divertissement de l'esprit, et en manier les symboles. Ainsi parvient-il, sans effort apparent, à exprimer la réalité la plus vaste. "Il suffit d'une branche d'arbre bien peinte", a-t-il dit en citant le peintre chinois Chin Nung, "pour qu'on entende le bruit du vent."
Avis
"Il faut 40 pages pour vraiment entrer dans le récit. Faut avouer que c'est difficile à suivre, car dès le début ça flashbacke de partout, en fait il n'y a pas de récit chronologique, on passe d'avant la mort du maître à après, à avant mais pas le même avant etc. =)
Arrivé page 46, l'auteur reprend son récit par le début, à savoir les premiers coups du tournoi. Et ensuite c'est bon on arrive à comprendre.
Tout le début compliqué c'est très "le maitre" description physique, physiologique, psychique, de son vivant, mourrant, mort, en un mot on a l'impression que l'auteur lui voue un culte. Et ça m'a tout à fait penser à Maître du thé (Le), et pour me paraphraser, l'auteur qui est un proche du maitre qui essaie de percer cet individu. On retrouve le même procédé à savoir une certaine période éclaire un aspect de sa personne.
Concernant l'aspect "tournoi" je dois dire qu'heureusement que l'un des deux joueurs est mourrant, parce que je me serai mal vu lire 200 pages de "il a posé le pion noir après 37 minutes de réflexion", autrement dit cette "partie" est retranscrite très fidèlement. Rappelons que cette partie a rééellement existée, et qu'elle s'est déroulée sur 6 mois. L'auteur était employé comme journaliste (enfin dans cette histoire il est journaliste, j'ai essayé de chercher plus d'informations, je sais qu'il a participé à divers revues litteraires, mais aucune mention de cette profession, alors est ce une invention ?). Et donc fort heureusement comme je disais, le maitre est mourrant, ça donne du punch à la narration, avec ses interruptions du jeu parce qu'il ne se sent pas bien, et bien sûr tout ce qu'il se passe en coulisse à cause de son état de santé : reporter la suite de la partie, se déplacer dans une autre auberge, négocier le temps de jeu par jour etc. Les aléats permettent de donner du rythme à un match qui n'en a pas. Et comme il ne jouent que tous les 5 jours, il y a des choses à raconter.
Niveau "... de go", est ce qu'on y comprend quelque chose si on n'y connait rien à ce jeu ? En introduction, on nous explique le principe, ensuite au cours du récit on a un schéma du plateau de jeu, on peut donc se représenter "l'action". Enfin mieux vaut avoir des notions quand même, par exemple en ayant appris en même temps que le héros de Hikaru no go. Si vous n'y connaissez vraiment rien à ce jeu, peut être avez-vous des notions d'échec, de shogi ou autre ? car l'intrerêt de ce livre c'est également de voir des maîtres (peu importe de quoi) en train de jouer.
L'auteur fait des remarques sur les coups joués, mais comme il le dit lui même il n'est qu'un simple amateur, il essaie d'attirer l'attention du lecteur sur autre chose (les hommes plus que les joueurs) et cite donc des spécialistes pour le commentaire de jeu.
A part le sujet de l'histoire, ce qui pourrait vous interresser c'est l'écriture de Kawabata, mais là encore pas grand chose à en tirer. Le seul point positif c'est sa théorie comme quoi ce sont les règles du tournoi version moderne qui ont tué le maître. Je vous résume en deux mots : le maitre est du genre old school, il avait l'habitude de jouer à son rythme. Avec ce dernier tournoi, le temps est délimité. A partir de là il y a tout une opposition entre l'ère Meiji et la modernité, avec en filigrane du "c'était mieux avant" de la part de l'auteur.
Le livre est court, 200 pages dans la grande édition, avec de très nombreux chapitres, du coup on a plein de demi pages blanches (parce que c'est la fin du chapitre), et en début de chapitre on perd/gagne (question de point de vu) de la place avec des espaces blancs. Du coup des 200 pages, il ne doit en rester que 180.
Ca se lit vite, mais ce n'est pas pour autant un bon livre. On est bien loin du descriptif de l'éditeur, sauf peut être effectivement pour l'aspect "dépouillé"."
Docteur Spider, 01/10/2005
Voir aussi Joueuse de go (La)
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