English
Aux rives du désert et des montagnes enneigées du Xinjiang, un jeune garçon découvre la vie. Et lorsque arrive un élégant Shanghaïen, avec son gros dictionnaire d'anglais sous le bras, pour enseigner la langue d'Oxford, il devient le symbole de toutes les attentes et des rêves les plus merveilleux de l'adolescence. Mais les années 1970 sont aussi celles de la cruauté de la Révolution culturelle, même aux confins de la Chine.
English est un roman plein de fraîcheur, de mélancolie, débordant de l'énergie de l'enfance et de la nostalgie lucide de l'écrivain qui la regarde. Wang Gang a voulu écrire le roman de sa génération qui a vécu cette période de l'histoire chinoise.
« Pourtant, dit-il, lorsqu'il s'est agi de faire la promotion du livre, on ne s'est pas autorisé à dire que celui-ci traitait de la Révolution culturelle. C'est terrible de ne pas oser mettre un nom sur ce que l'on écrit ! Combien de temps allons-nous encore fonctionner de la sorte ? »
Avis
"English se présente comme un roman autobiographique se déroulant pendant la révolution culturelle (1966-1976) à Urumqi, dans le Xinjiang. Liu Aï, un jeune garçon, va aussi connaître un grand bouleversement : la découverte de l'anglais et du professeur qui va avec.
Au départ on suit un enfant de douze ans, obsédé par le sexe (l'organe, la pratique...) et les femmes adultes. Par contre les filles de son âge ne l'intéressent pas, il dit qu'elles sentent l'urine. C'est un jeune espiègle, qui n'hésite pas à écouter aux portes, faire des conneries.
On va suivre son quotidien et les évènements marquants de sa vie. Pas tellement ceux de la Révolution Culturelle, des séances publiques d'autocritique, de la fermeture des écoles, de destruction de lieux culturels etc, qui sont à peine évoquées, mais la façon dont le régime maoïste, si étriqué, finit par broyer les hommes et les femmes. Par exemple, ses deux parents souffrent énormément. En plus de cela, chaque bêtise de leur fils prend des allures de catastrophes contre-révolutionnaires. Mais c'est également le cas pour leurs voisins, les enseignants, bref tout ceux qui sortent du rang, qui ne sont pas dociles....
De façon fort surprenante, on découvre à la fin du roman, que notre héros a déjà dix-sept ans. Le temps est passé si vite ! Sans pour autant que les marqueurs temporels nous l'indiquent (certes l'école a été fermée quelques mois au début de la Révolution, il est revenu en cours trois mois après s'être cassé une jambe...). En effet, tout le long du roman, on suit un quotidien fait de masturbation matinale, de vagabondage dans Urumqi, de cours d'anglais (et de rivalité avec son amie pour être le chouchou du prof), de disputes avec ses parents, ses voisins, ou son prof d'anglais, de convocation chez le proviseur. Bref il pourrait s'agit de l'histoire de n'importe quel galopin !
De l'aspect Xinjiang du récit, on ne retiendra que la montagne qui surplombe Urumqi, les repas des grands jours faits de pieds de moutons, quelques cours de ouïghour, et on parlera des autres Hans comme étant « les gens de l'intérieur ».
L'auteur a un regard rétrospectif sur lui-même. Aux deux tiers du récit, il parle de lui à la troisième personne (« l'enfant »). « À l'époque, je n'étais pas capable, comme je le fais aujourd'hui, de m'observer avec de la distance. » (p. 373). Cette distance prise, on la ressent également dans les exemples tirés de faits quotidiens à l'écriture (2004) : la guerre d'Irak, le basketteur Yao Ming.....
Mais plus que les évènements historiques, c'est la révolution personnelle de l'auteur qui va nous être contée : passage de l'enfance à l'adolescence, découverte de l'anglais via son professeur et d'un certain art de vivre.
Toute l'originalité d'English est de se dérouler durant les dix dernières années du règne de Mao, tout en réussissant à faire des ellipses sur les premiers mois de la révolution culturelle. Est-ce un choix politique de ne pas parler des choses qui fâchent ? S'agit-il d'un choix artistique, un défi, de montrer comment la structure de cette société autoritaire provoquait une grande violence au quotidien ?
English se lit vite et bien. On se prend d'affection pour ce jeune garçon, même si la plupart du temps il agit comme un petit c... Pour autant, on en apprendra fort peu sur la Révolution Culturelle à Urumqi (c'était l'objectif de départ de ma lecture)."
Docteur Spider, 27/03/11
Voir aussi Chienne de vie !
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