Coma 2 (The): Vicious Sisters

Test

Familière superficiellement des grandes sagas de jeu d’horreur mais pas une grande joueuse concrètement, je me lance dans ce jeu indépendant avec un regard plutôt neuf.

Nous commençons cette aventure dans la classe de Mina, avec des lycéens tout ce qu’il y a de plus normal. Le jeu revêt presque des aspects Visual Novel de drague, on découvre quelques petits potins parmi ses camarades, l’humeur est légère. De plus, le jeu est réalisé tout en 2D, avec un style très emprunté aux webtoons, ce qui n’est à ma connaissance pas courant pour des jeux d’horreur.

Puis quand le Coma nous engloutit pour la première fois, le contraste fort entre les deux ambiances produit un fort impact, le malaise s’installe. On commence à explorer ces lieux envahis de cadavres charcutés, de plantes monstrueuses et couverts de coulis de sang. Notre héroïne un peu apeurée fait pourtant preuve d’un aplomb un peu improbable. Mais quand déboulent les premiers Serfs de chair, on va nettement moins rigoler.

L’ambiance du jeu demeure très réussie. Visuellement d’une part, car les environnements ont de quoi faire flipper dans cette forte pénombre et ils se révèlent variés. Mina sera amenée à visiter son lycée, un poste de police, un marché et d’autres bâtiments que je ne vais pas vous divulgâcher.

Mina dans l'inquiétant marché Dokkaebi (avec un autre skin!)

La qualité de dessins est excellente et les animations soignées en général, bien qu’on aurait aimé parfois un peu plus de mouvements sur certaines actions ou certains personnages. Les ennemis peuvent se fondre parmi les autres amas de chair ou surgir subitement, nous forçant à rester aux aguets en permanence. Et le tout en gardant une bonne lisibilité.

Le travail sonore participe tout autant, on ne sait jamais si tel ou tel bruit annonce l’arrivée d’une créature hostile et le jeu a de quoi rendre un peu paranoïaque des bruits de chaussure à talon, prémisce de l’approche d’un terrible serf de chair.

La maniabilité est très bonne, le jeu se prend en main rapidement. Nous n’avons aucun moyen de tuer les ennemis, au mieux de les esquiver et de leur échapper, ce qui contriue grandement au sentiment d'insécurité. Mina a une barre d’endurance qui se vide assez vite quand elle court ou qu’elle esquive, forçant à s’économiser pour ne pas tomber d’épuisement quand on est poursuivi. Les effrayants serfs de chair apparaissent aléatoirement et nous poursuivent tant qu’on ne les sème pas en se cachant des éléments du décor, des placards, sous les tables, dans des cabines, etc.

Les toilettes deviendront vos meilleures amies si elles ne l'étaient pas déjà.

Interviennent alors des QTE pour retenir son souffle et brouiller la piste de l’abomination à nos trousses. Habituellement, je ne suis pas fan de QTE, mais pour The Coma 2, elles interviennent dans un contexte bien précis et sont la plupart du temps justifiées.

Le jeu propose aussi de sympathiques phases d’exploration, nous incitant avec les quêtes principales et les secondaires à parcourir de long en large en travers les divers lieux. De plus, au cours de notre aventure, nous pouvons trouver des objets qui nous permettront de débloquer certaines portes inaccessibles avant, ce qui redonne envie de visiter ultérieurement chaque zone, qui reste accessible ou le redevient à un moment donné. Plusieurs secrets parsemés aux quatre coins de ce monde oppressant enrichissent l’aventure. Si on veut simplement boucler une fois l’aventure, le jeu dure une petite dizaine d’heures mais pour déceler tous les secrets, il faudra compter un peu plus du double.

La question est : l’histoire du jeu incite-t-elle à vouloir découvrir en toutes les facettes ? Oui, l’univers du jeu se révèle très intéressant. Il fait suite au premier jeu, prenant un personnage secondaire comme protagoniste  ici, mais l’histoire peut très bien se suivre sans connaître le premier jeu.  J’aime beaucoup le concept du Coma, cette dimension miroir représentant le monde normal en version sombre. On y découvre des pensées négatives des personnages, les éléments d’histoire propres à cette dimension ont un écho avec ceux du monde normal et vice-versa. Certes, plusieurs éléments de la trame demeurent prévisibles, l'histoire demeure prenante tout de même. Les personnages sont assez cool dans l’ensemble, Mina fait souvent de l’esprit, donnant souvent l’impression qu’elle ne croit pas trop ce qu’elle vit. Cela créé un petit décalage amusant par rapport à l’ambiance d’horreur. Je regrette toutefois qu’une part des personnages n’ait pas eu plus de rôle. De plus, je m’attendais à ce que l’on nous livre davantage de détails croustillants sur les intrigues au sein de l'administration du lycée Sehwa, seulement évoquées. Les pages de notes trouvées durant la partie permettront de compléter un peu ces manques.

Les actions effectuées lors de la partie influencent par moment le cours du jeu, tant niveau scenario que gameplay. On peut aboutir à deux fins différentes. Habituellement, j’ai un peu la flemme de refaire un jeu pour ses autres fins, mais ici, j’ai eu envie de prolonger l’expérience. Mais également, si on n’effectue pas les quêtes secondaires, qui dans la plupart des autres jeux apportent des bonus, ici elles nous font carrément baisser définitivement notre niveau de santé ! L'idée demeure très pertinente pour ce type de jeu.

Cela vient apporter de la difficulté au jeu, qui n’est pas compliqué de base, même si les quelques petites énigmes sont sympa. Il est un peu dommage d'ailleurs que l'on trouve autant de d'objets de soin très facilement, ça rend le jeu un peu trop simple, sauf si on se met à rusher, où l'on risque plus de se faire surprendre par les ennemis. On trouve également un peu trop rapidement la carte en entrant dans une nouvelle zone. Elles demeurent très utiles mais très vite trouvables, diminuant le côté inonnu et inquiétant de chaque lieu (d'autant que j'avais tendance à prendre des notesen cours de partie pour me rappeler certains éléments, déformation de mes parties de jeu de rôle sur table lol). Une drôlerie: dans ma version du jeu sur PC, le menu principal ne comporte pas de bouton pour quitter le jeu, je devais passer par windowspour fermer la fenêtre. On ne s'échappe nullement du Coma, même IRL ^^

The Coma 2 devient aussi un peu répétitif, ne se renouvelant pas assez niveau ennemis rencontrés et enchaînant des quêtes secondaires trop similaires. Heureusement, la phase finale de jeu offre une belle apothéose pour terminer en beauté. Les deux fins possibles m’ont un peu déçue, écartant trop l’aspect mystique et envoûtant du jeu. Néanmoins, chacune appelle clairement à une suite, que je jouerais volontiers.

En tant que novice en la matière, j’ai beaucoup apprécié The Coma 2: Vicious Sisters, simple de prime abord mais révélant pas mal de richesse. Sans être traumatisant ni abuser du sursaut, il a de quoi faire frissonner et angoisser un minimum tout en proposant une quête prenante et envoûtante. Tentez le coup !

Hanoko, jeu terminé avec tous les succès, le 02/06/2021

Et retrouvez le premier jeu: The Coma: Cutting Class