Fiche technique:
- Pays d'origine: États-Unis
- Genre: sociologie
- Éditeur original: Yale University
- Éditeur français: Éditions Amsterdam
- Date de sortie originale: 1992
- Date de sortie en France: 2009
- Nombre d'éditions en France: 1
- Traduction: Olivier Ruchet
- Nombre de pages: 270
- Prix: 22 euros
Quatrième de couverture:
À trop s'intéresser au discours public des dominants et des dominés, au détriment de leur discours « caché », par définition difficilement saisissable, on approche les situations de domination de manière trompeuse, et l'on risque de ne pas même apercevoir la résistance effectivement opposée par les subalternes. Il y a là un véritable défi épistémologique pour tous les analystes du monde social et des situations de domination. Derrière le masque de la subordination et l'écran du consensus et de l'apparente harmonie sociale couve ce que James C. Scott nomme « infra-politique des subalternes » : la politique souterraine, cachée, des dominés. Dans toutes les situations de domination, même les plus extrêmes, ces derniers continuent, de façon dissimulée, à contester le discours et les pouvoirs dominants, et à imaginer un ordre social différent. Il faut donc, selon l'auteur, refuser les théories de la « fausse conscience » qui postulent que la domination idéologique des élites est si efficace que leurs valeurs et leurs représentations sont nécessairement adoptées et incorporées par les dominés, et s'efforcer de rassembler les fragments du discours subalterne pour en dégager la logique. Fondé sur l'analyse de sociétés dans lesquelles il n'existe pas d'espace public où contester légitimement l'ordre existant, ce livre offre des outils théoriques précieux pour tous ceux qui cherchent à éclairer les formes subjectives de la vie sociale et les expériences de domination, d'exploitation et de répression. Son intérêt pour ceux et celles qui s'efforcent de penser les termes d'une politique d'émancipation radicale, y compris dans les sociétés dites démocratiques, ne devrait également pas échapper à ses lecteurs.
Avis:
"J'ai découvert l'existence de La domination et les arts de la résistance cet été, lors des recherches pour mon mémoire de socio. J'ai bossé sur "la résistance au travail" et dans l'ouvrage de Stephen Bouquin au titre éponyme, il était souvent question de Domination and the arts of resistance. En septembre, alors qu'avait lieu la 6ème édition du Congrès Marx International à ma chère université de Nanterre, une "librairie" avait été installée, où j'ai pu découvrir que l'ouvrage de James C. Scott avait été traduit, et que son étude se basait sur des observations faites en... Malaisie. Un livre fondamental, et une étude sur la Malaisie dans un seul et même livre, voilà comment je me suis mis à sa lecture !
La thèse fondamentale de James C. Scott, est de dire que les personnes "dominées" ne sont pas passives, mais au contraire joue un jeu en face des dominants, pour essayer d'être en adéquation avec leurs attentes et éviter ainsi d'être réprimé. Mais en dehors du regard du maître, les dominés tiennent un autre discours, une autre culture, de résistance à cette oppression. Le livre analyse les multiples dimensions que recouvre cette vision différenciée en fonction des lieux et position des interlocuteurs.
Pour illustrer son propos fort stimulant, l'auteur utilise des exemples issus de l'esclavage des noirs aux USA, du salarié face au patrons, des relations dans les castes, etc.
Il analyse les défilés sous l'état laotien communiste, les serfs sous le tsarisme... il est régulièrement question de la relation intouchables/brahmanes. L'auteur s'appuie sur les autobiographies d'anciens esclaves...
Qu'on ne s'y trompe pas, c'est résister qui est un art. Le livre ne traite pas de l'art comme résistance.
Et la Malaise dans tout ça ? En fait elle n'est là qu'en toile de fond, dans quelques exemples. C'est en fait l'ouvrage précédant de James C. Scott, Weapon of the weak : everyday forms of peasant resistance (1985) qui s'intéresse au cas malais.
Pour autant l'ouvrage est fondamental pour les visiteurs de ShoShoSein, car il met en débat la notion de culture, pour appuyer le fait qu'un individu change de discours/culture en fonction de ses interlocuteurs.
On pourra cependant critiquer l'omniprésence des concepts issues de la littérature et du théâtre, comme "texte public/caché", "jeu", "représentation". Pourquoi parler de théâtre quand il s'agit de lutte politique ? Pourquoi "texte" et pas tout simplement "discours" ? Parce que l'auteur se réclame d'une école de pensée bien particulière : le structuralisme.
Une lecture fort stimulante, car elle appelle à aller au delà des apparences, à aller voir dans les profondeurs cachées."
Docteur Spider, 30/10/10