Warriors of the Rainbow : Seediq Bale

Dans mes déambulations sur la toile, j’étais tombée sur une affiche de ce film. Intriguée par l’allure du héros représenté, croyant à un film d’action/fantasy, je me lance dans à le regarder. Le film commence, on découvre des tribus rivales qui ne se font pas de cadeaux dans une forêt, on se retrouve effectivement dans un autre univers… Jusqu’à ce que le réel revienne frapper à la porte à coup de crosse.

Ce film nous narre comment un peuple indigène va voir son existence bouleversée à jamais quand des nations impérialistes, à des années lumières de se soucier de l’avis des habitants de l’île, font leurs arrangements politique entre elles. Ainsi, les Seediq Bale se retrouvent malgré eux sous domination japonaise et leur coexistence difficile aboutira à ce qui sera nommé l’Incident de Wushe.

Ce film m’a beaucoup intéressée car il m’a permis de découvrir un pan de l’histoire du Taïwan, pays dont je sais assez peu de choses à part les conflits avec la Chine pour asseoir son indépendance. Bien sûr, on se doute que le film aura remanié plusieurs passages, selon la vision du réalisateur et scénariste. Mais cela n’empêche pas d’initier le grand public à une partie de la culture des Seediq Bale. J’aime assez que le film ne soit pas complètement blanc ou noir. Tout d’abord, les Seediq Bale ne sont pas présentés comme des gentils mignons aborigènes innocents, eux aussi connaissent leurs propres conflits qui viendront complexifier leur subsistance une fois sous tutelle forcée des japonais. Ceux-ci, a fortiori présentés en tant que colons, ne sont pas non plus tous montrés sous un jour cruels, malgré les discriminations, ils ne les traitent pas non plus en esclaves.

Bref, le scenario demeure bien mené, mais rapidement, on sent qu’il manque beaucoup de choses dans cette version tronquée destinée à l’international par rapport à l’originale, composée de deux parties : 太陽旗 ("L’Étendard du Soleil") et "彩虹橋" ("Le Pont Arc-en-ciel" — non je ne parle pas du tout chinois, j’ai traduit à partir de la traduction anglaise wikipédia lol). L’introduction demeure très expéditive et elliptique, j’aurais aimé en découvrir plus sur les Seediq Bale que leurs coutumes guerrières. Notamment, le rôle des femmes demeure relégué au second plan, j'aurais aimé connaître davantage leur position dans cette société. Ensuite, beaucoup de personnages sont présentés mais une bonne partie aurait gagné à être davantage développée. Dans la deuxième moitié du film, comme souvent pour les films de guerre :

En tout cas, le film comporte certains moments très durs où je n’ai pas retenu mes larmes.

La réalisation demeure splendide, que ce soient les lumières, les environnements, les costumes, la mise en scène, un régal à regarder sans fioritures indésirables. Je laisse aux experts le soin d’attester de la fidélité de la reconstitution des tenues et habitats des Seediq Bale, mais dans le cadre du film, c’est très beau.

Un très bon film dans l’ensemble, dur et prenant. Dommage que Warriors of the Rainbow : Seediq Bale ne nous soit pas parvenu en salles obscures, directement en DVD sans la version longue. Le réalisateur a beau estimer que le public hors Taïwan s’intéresse seulement au gros de l’histoire, sans nécessiter les détails historiques, ce sont pourtant eux qui m’auraient encore plus intéressée. Je comprends le besoin de rendre le film plus accessible, mais j’aurais aimé découvrir la version longue. On sait jamais qu’un autre éditeur français décide de sortir un jour les deux parties intégrales du film, ou alors il faudra se tourner vers du fansub…

Hanoko, le 27/09/2020