Maison des Geishas (La)
Staff
Un film de Kinji Fukasaku / 1998 / 113' / vosta / Couleur
avec Maki Miyamoto, Sumiko Fuji (Junko Fuji), Masahiko Tsugawa, Kaho Minami, Yumiko Nogama
Projeté à la MCJP le samedi 20 mars 2010
Dans le Japon de l'après-guerre, le petit monde des geishas de Kyôto tente de résister vaille que vaille à la loi anti-prostitution et aux mouvements féministes qui les forcent à renoncer à leur condition.
Pour cette superproduction pleine de malice, Fukasaku a fait appel à trois grandes actrices représentatives de la libération des moeurs exprimée dans le cinéma japonais des années 1960 : Sumiko Fuji (Junko Fuji) (« La pivoine rouge »), Mariko Okada (« Eros+massacre » de Kijû Yoshida), et Yumiko Nogawa (« La barrière de la chair » de Seijun Suzuki).
Avis
"J'ai vu ce film un peu au pif. J'avais gagné des places pour la rétrospective Toei à la MCJP via le site Jipango (encore merci). Je suis allé à cette séance parce que c'était un film de Kinj Fukasaku, réalisateur que j'apprécie beaucoup (Combat sans code d'honneur / Cimetière de la morale).
Dans cette maison de geisha, on suit la vie de trois jeunes nanas fantasques, celle de leur "mère", mais tout ceci est vu par le petit bout de la lorgnette : celui de leur servante, qui est chargé de toutes les commissions. Trois types de personnages et trois âges de la vie.
On va donc voir comment la maison fonctionne, quels sont les soucis de ces filles. Principalement ça tourne autour de deux pôles : l'argent, et l'amour. Vient s'ajouter à cela le contexte de l'époque. On est en 1958, la loi contre la prostitution va être renforcée. Nos geisha ne se considèrent pas comme des prostituées qui forniquent pour trois francs six sous au 1er étage des bars. Pourtant le film montre que la frontière est floue, surtout quand on a cumule des problèmes d'argent...
L'histoire de la petite fille est vraiment poignante. Elle est à fond dans son boulot, mais son caractère et son passé s'affirment lorsqu'à de rares occasions, elle a jour de congé dont elle profite pour aller voir sa famille, des artisans. On apprend qu'elle a été vendue, qu'elle envoie de l'argent, mais que sa famille n'arrive pas à joindre les deux bouts. Sa petite soeur est en train de devoir arrêter l'école, ce qui la révolte. Elle va donc mettre les bouchées doubles, accepter de devenir meiko, faire une croix sur son amour de jeunesse (une scène à en pleurer).
Fukasaku montre furtivement en contre champ, une grève de conducteur de taxi, qui réclame des augmentations de salaires et une baisse du nombre d'heure de travail. En parallèle, les trois jeunes geisha apprennent qu'on a vendu la virginité de la petite pour trois millions de yen. Du coup elles refusent de brader leur force de travail. C'est là où je veux ne venir et peut être aussi Fukusaku : quelque part les prostituées et les travailleurs sont des gens dont on exploite le corps.
Au niveau de la réalisation, on peut dire que celle-ci est bien pensée. En effet le deuxième plan des deux génériques représentent des images de rue sou de décors naturels je crois, mais ils sont comme des toiles prises au vent. Alors que le premier plan est fixe. Ceci évoque ce monde évanescent, qui est la façon dont on parle de l'univers des deishas. De même, le film montre un monde en train de disparaître. On est à Kyoto, en 1958, l'existence de ces prostituées est très contestée. De plus la musique est très belle (orchestre) et les actrices sont terribles. Lorsque le générique s'ets terminé, j'ai été un peu ému de comprendre que ça datait de 1998, bref que c'était un des derniers films du maître, au sommet de son art.
Omocha, le titre original, fait référence au nom qui sera donnée à la jeune protagoniste quand elle va devenir meiko (le grade précédent geiko aka geisha). Ca veut dire "jouet". Sera-t-elle un jouet aux mains des hommes ?
Un bon film."
Docteur Spider, 21/03/10
Voir aussi Courtisanes du Japon
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