M Butterfly
Staff
Un film de David Cronenberg
Avec : Jeremy Irons, John Lone, Barbara Sukowa
"Gallimard, modeste employé de l'ambassade de France de Pékin tombe fou amoureux de la diva Song Liling, dont l'interpretation de "Madame Butterfly" le bouleverse. Cet amour va aboutir sans qu'il se doute un seul instant qu'il est manipulé a des fins politiques depuis le début."
Avis
"M. Butterfly c'est vraiment du grand art, et je vais vous expliquer pourquoi ! Le film avait deux atouts de poids : il se passe pendant la Révolution Culturelle et il évolue dans l'univers de l'opéra, deux éléments dont je voulais approfondir la connaissance. En plus c'est le furieux David Cronenberg (eXistenZ) qui est à la réalisation. Bref intriguant.
Si je me suis lancé dans ce film, c'est parce que j'ai découvert le facétieux David Henry Hwang, déjà scénariste et producteur de Lost Empire (The) version américaine crypto pro parti communiste chinois du Voyage en occident (le roi des singes etc.). Le bonhomme a donc signé d'autres scénario, se passant également en Chine. Il a écrit notamment une pièce de théâtre, d'après des faits réels : M. Butterfly, qu'il va lui même adapter pour le cinéma.
Le film tire son nom d'un opéra de Puccini, Madame Butterfly mettant en scène une histoire d'amour entre une geisha et un américain, qui la pousse à rompre toute convention sociale. C'est cet aspect japonais qui illustre l'opening du film (d'ailleurs on se dit : mince c'est plein de symbole du Japon, je croyais pourtant que ça allait se passer en Chine... ^^). Rassurez-vous, dans le film la pièce est interprétée par une chinoise, dans les ambassades.
Le personnage principal est un français (oui c'est nous !), René Gallimard travaillant à l'ambassade de France à Pékin. On commence à suivre ses aventures en 1964. Il découvre et se prend d'intérêt pour une chanteuse d'opéra chinois, interprétant divinement Madame Butterfly : Song Liling.
Au départ on croit qu'il s'agit d'une simple transposition de l'opéra à la réalité : le couple japonaise-américain étant remplacé par chinoise-français. C'est une histoire d'amour très forte, très bouleversante pour chacun des deux individus. Il y a tout un semblant de réflexion sur le statut de la femme, qui ici se doit d'être l'esclave de l'homme etc. Au départ c'est montré comme une relation d'éducation : vous pauvre français acculturé, je vous explique ce qu'est l'opéra chinois (et pas seulement occidental que je joue pour les nobles) et vous, vous m'expliquez en acte l'amour. L'autre aspect c'est la relation orient-occident. Notre diplomate ne parle pas un traître mot de chinois et ne comprend rien. Heureusement que l'actrice parle anglais. Bref c'est une histoire d'amour sur fond d'échange interculturel (homme-femme, orient-occident et aussi communiste-impérialiste).
Derrière ça on apprend assez vite, que ce sont de faux semblant. La belle chinoise est en fait chargée -du fait de ses entrées auprès des diplomates occidentaux- de récupérer des informations sensibles. Autrement dit c'est un espion. Car effectivement en toile de fond, c'est la guerre au Vietnam (nouveau nom d'une partie de l'ancienne colonie française : l'Indochine) : il s'agit pour la France, les Etats Unis et la Chine de savoir comment les autres belligérants vont réagir.
Les troisièmes et quatrième étape, je ne peux vous les raconter, car c'est tout l'intérêt du film, qui montre encore d'autres facettes des personnages. En tout cas c'est vraiment très troublant.
Deux ans après le début de leur relation, c'est la révolution culturelle qui commence, on voit les gardes rouges défiler, brûler tout ce qui a trait à la "vieille culture" notamment le théâtre classique. Les maisons bourgeoises sont saisies et habités par des familles nombreuses (ou de nombreuses familles). Les pièces de théâtre sont remplacées par des "opéra révolutionnaires". Les diplomates des pays impérialistes ne sont plus les bienvenus, et Gallimard n'est plus jugé très fiable par ses supérieurs. Il retourne à Paris en 1968, même si son coeur reste à Pékin. Là où on se dit "c'est trop beau pour être vrai" : il tombe en plein milieu de la contestation étudiante, avec comme fer de lance les gardes rouges français qui défilent. Ca lui rappèle la Chine.
Et là, je dois revenir aux "d'après des faits réels" : la relation entre Bernard Boursicot et Shi Pei Pu, qui a inspiré le film. Le français revient en fait au pays en 1979. Il a remis des documents secrets quand il était en poste à Pékin et à Oulan Bator, notamment sur les tensions Chine/URSS. Je suppose que c'était plus parlant pour les américains qu'on leur parle de "leur guerre" (le Vietnam) et plus romantique que le retour se fasse en Mai 68 (moi ça m'a fait kiffer en tout cas).
En bref, c'est vraiment un film magnifique, qui transgresse les apparences, qui ne va jamais là où on l'attend, qui nous fait prendre des vessies pour des lanternes. Très éclairant !"
Docteur Spider, 22/08/09
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