Blades of blood
Kyun-Ja est le « batard » d'une courtisane et d'un seigneur local. Il est rejeté par tous, et n'hésite pas à se battre contre tous ceux qui l'insultent. Cette vie sans but va être bouleversée quand son père va être assassiné par Lee Mong-hak. En effet celui-ci, sous couvert de mettre fin aux tergiversations du palais du roi, veut en fait s'emparer du pouvoir. En même temps, le Japon commence son invasion du pays. Hwang Jeong-hak, un sabreur aveugle, va le prendre sous son aile.
Avis
A l'occasion de la venue en France de Lee Joon-ik dans le cadre du Festival du Film Coréen de Paris 2013, je me suis dit qu'il était grand temps que je me penche sur la filmographie du réalisateur. Je commence aujourd'hui avec Blades of blood sorti dans nos contrées il y a 2 ans chez Élephant Films. En lisant en diagonale le scénario, on peut se demander s'il s'agit d'un Zatoichi coréen.
Kyun-Ja est le « batard » d'une courtisane et d'un seigneur local. Il est rejeté par tous, et n'hésite pas à se battre contre tous ceux qui l'insultent. Cette vie sans but va être bouleversée quand son père va être assassiné par Lee Mong-hak. En effet celui-ci, sous couvert de mettre fin aux tergiversations du palais du roi, veut en fait s'emparer du pouvoir. En même temps, le Japon commence son invasion du pays. Hwang Jeong-hak, un sabreur aveugle, va le prendre sous son aile.
Si notre acupuncteur bretteur non-voyant a bien des points communs avec son homologue japonais, il n'est pas pour autant le personnage principal du film. En effet Blades of blood se concentre sur le jeune chien fou, le Bonaparte coréen, et les agitations à la cour.
Notre jeune héros qui veut venger la mort de son père, va devenir sans qu'il s'en rende vraiment compte, le disciple du sabreur aveugle. Entre eux et avec nous se crée au fur et à mesure une complicité qui nous prêtera à sourire. Il va acquérir les bases de l'escrime, l'air de rien (même si des passages du film sont tout de même consacrés à l'apprentissage pur).
C'est bien gentil tout ça, mais malheureusement, le film a un déroulement hyper classique, rien ne viendra vous surprendre ou remettre en cause tout ce que vous avez vu avant (en un mot, pas de twist). Certes, les personnages sont en costume, et avec les décors, on y croit. Mais, les scènes de combats sont quelconques, et le réalisateur ne fait pas grand chose de recherché. Certes, le combat entre Hwang Jeong-hak, le sabreur aveugle, et Lee Mong-hak, le chef rebelle, est projeté au ralenti, mais la chorégraphie n'est pas du tout ouf. Le dernier combat est mieux, ce qui est du à un montage nerveux.
Au cas où vous ne l'auriez pas compris, il s'agit d'un film historique, qui se déroule au XVIème siècle. Je ne sais pas si le réalisateur fait référence à des événements ayant réellement eu lieu, mais ce n'est pas ça qui m'intéresse pour le moment. Deux questions m'ont taraudé au cours du visionnage du film : Ce film historique sert-il à parler du temps présent ? Est ce que le réalisateur partage le point de vu d'un des personnages ? En un mot : quel est le message que veut faire passer le réalisateur ?
En effet, on voit que la préoccupation du roi, c'est que le pays est entouré de deux grandes puissances menaçantes, la Chine, et le Japon. N'est-ce pas l'impression que l'on peut toujours avoir aujourd'hui ? Face à cette menace, les hommes politiques traditionnels sont paralysés. Faut-il alors avoir recours à un homme providentiel, à un militaire qui ferait un coup d'état. Au vu de la fin, la réalisateur ne semble pas renouer avec les régimes politiques qu'a connu la Corée au XXème siècle. Resterait alors le point de vu de notre jeune héros, mais celui-ci ne défend pas vraiment de valeurs qui le dépasseraient, celui-ci ne cherchant qu'à se venger. Bref il me semble que le réalisateur n'apporte pas de solution, il ne fait que pointer les mauvaises solutions :
Dans le palais, on ne retrouve pas une opposition sénatoriale de type droite-gauche, mais est-ouest, chacun représentant une partie du territoire coréen, et défini sa politique strictement en opposition du camp adverse (''c'est le jeu de la politique'' dira un des personnages), ce qui n'est évidemment absolument pas constructif. Plus tard dans le film, on retrouve le même type d'opposition chez les conseillers de Lee Mong-hak. Bref le parlementarisme partisan, c'est pas la joie.
Ce qui pose question, la question que se posent tous les personnages à la fin du film, c'est : est-ce que tous ces morts, ça a réellement permis de changer les choses ? Cette question permet de comprendre le titre international du film. Sans faire dans le pathos, à la fin il ne reste pas grand monde de vivant, les japonais finissant le travail. Faut-il pour autant voir les choses en noir ? Pour répondre à cette question, il faut revenir au titre original du film : Guseumeul Beoseonan Dalcheoreom, ou, pour les moins bilingues : Comme la lune surgissant des nuages. Pour ceux qui auront cliqué sur le lien, vous découvrirez qu'il s'agit de l'adaptation d'un manwha. Au cours de l'histoire, il est expliqué que lorsque le soleil se couche, il ne faut pas simplement voir les choses de façon négative, puisqu'au même moment la lune se lève. Il y a donc un certain message d'espoir, même si le réalisateur ne donne aucune piste concrète (à moins qu'il faille comprendre que la mort n'est pas à craindre ^^)
Au final, Blades of blood permet de passer le temps, mais on l'aura oublié aussi vite qu'on l'a vu. Comme ses personnages ballottés par des puissances qui les dépassent, le réalisateur n'a pas un message clair à faire passer, ce qui lui aurait permis de rendre l'intrigue plus complexe et palpitante.
Docteur Spider, 26/11/13
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