Black House
Staff
Un film de Shin Terra
D'après le roman de Yûsuke Kishi, Kuroi Ie (Black House) 1997
Avec Hwang Jeong-min, Kang Shin-il, Kim Seo-hyeong, Yu Seon
Jun-oh , un agent d'assurance est convoqué par un nouveau client à son domicile. Sur place, tous deux découvrent que le fils de la maison s'est pendu. S'agit-il vraiment d'un suicide, ou bien d'un meurtre déguisé par le père pour toucher l'assurance-vie ? Il y a urgence à le découvrir, car Jun-oh pense que la femme est également en danger de mort...
Avis
''Et un thriller gore, un ! Aujourd'hui, il s'agit d'une adaptation de roman japonais, qui a déjà eu droit à sa version nipponne : Black House. Le titre est un peu réducteur car le principal de l'action et l'intérêt du film ne se trouve pas là.
Pas de maison hantée, ni de maison piégée ici, il s'agit bien d'une enquête, qui n'est pas menée par la police, mais par un agent d'assurance, qui se doute qu'il y a anguille sous roche quand il découvre quasi en direct que le gosse d'un de ses clients s'est suicidé. Ceci fait remonter plein de mauvais souvenirs à la surface...
La première heure est un peu pépère, car même si il y a du danger, on n'est pas affecté. Puis on a droit à une révélation sur les tenants et les aboutissants de l'affaire. On se demande alors ce qu'il va se passer le reste du film. Ne vous en faites pas, le réalisateur a pensé à tout, et la tension monte graduellement.
Notre personnage principal est un newbie : il est jeune, a fait des petits boulots avant, est arrivé comme ça dans le métier. D'ailleurs quand le film commence, il s'agit de son premier jour au travail. Il est donc débutant, naïf, plein de bons sentiments. Son collègue le prévient : il ne faut pas se fier aux apparences, tous leurs clients essayent de les berner. Un sage conseil pour le spectateur
Au fur et à mesure de sa confrontation, il va gagner en maturité, en dureté surtout, et va assumer de plus en plus sa position : sauver la femme du tueur. Pourquoi une telle volonté ? Il culpabilise parce qu'indirectement son petit frère est mort à cause de lui. Du coup, et il le dit lui-même "Je ne veux pas voir les gens mourir, c'est ce qui me rend humain''. Il va donc essayer aussi de sauver le criminel, malgré lui.
Se pose alors en toile de fond la question de savoir ce qu'on fait avec ce genre de psychopathes, qui ne ressentent aucune émotion, même quand ils tuent leurs enfants. Certes ils sont un danger, mais qu'en faire ? Pour répondre, il faut savoir si c'est inné ou acquis. Le film donne des éléments pour les deux.
D'un côté, le policier chargé de l'enquête prend clairement position : ''C'est un monstre, il n'aurait pas dû vivre parmi nous''. De même au cours du film, la femme du personnage principal lui fait rencontrer un thésard en sociologie ou psychologie qui fait une étude sur les psychopathes. Il ne se prononce pas sur les causes, mais sur les remèdes : ''Ce n'est pas soignable, on peut juste les isoler de la société.'' La suite du film lui donne doublement raison : il se fait buter par le psychopathe, et celui-ci ne voudra pas être soigné/sauvé Bref c'est dès naissance, on ne peut rien faire. D'ailleurs le film se conclue en nous montrant des enfants qui dessinent, dont une qui fait un dessin ''de psychopathe''. Signe que la catastrophe peut recommencer. Le réalisateur plaide-t-il pour leur isolement dès l'enfance ?
De l'autre côté, ce film de 2007 nous raconte les conséquences de la crise. Pas celle de son année de sortie, mais celle qui a eu lieu 10 ans plus tôt. C'est la crise économique asiatique. En effet, quand on découvre qu'il manque un pouce à notre psychopathe, il est fait mention de "la crise du FMI". Certaines personnes, se retrouvant sans emploi, se sont coupées des doigts ou des mains, pour avoir un statut de personne handicapé et toucher ainsi leur assurance. Je ne sais pas si c'est vrai, mais ce que dit le film (par contre dans tous la zone asiatique, les taux de suicides et de prostitution ont explosé). En tout cas, de la part de cette personne, qui vit dans une ville à l'abandon loin de tout, il y a une obsession à récupérer de l'argent par tous les moyens. Il dira d'ailleurs par deux fois au personnage principal : ''Vous avez un bon travail'', sous entendu que ce n'est pas son cas et qu'il aimerait bien être à sa place. Bref c'est la misère économique qui l'a fait dérailler.
Mais le psychopathe n'est pas la seule personne touchée de plein fouet par la crise. Pour cela je dois faire un détour par l'Histoire : Suite à de la spéculation sur la monnaie, des mouvements de fond hyperviolents ont lieu sur les marchés financiers, des bulles spéculatives éclatent, ce qui affecte l'économie réelle. C'est la panique. Le FMI propose que les Etats asiatiques arrêtent de soutenir leur économie. Les mesures prises qui ne font qu'empirer la situation. Des masses de fonctionnaires sont virés. Les banques font des coupes drastiques dans leurs effectifs. Ainsi on peut faire l'hypothèse que si notre personnage principal se retrouve à travailler dans une compagnie d'assurance, c'est qu'il a été viré de sa banque suite à la crise. Mais lui ne pète pas un cable, bien qu'il ait des prédispositions... Par contre, le plus meurtrier, fou et barbare dans cette histoire, c'est le système capitaliste
Au final Black House est un bon petit thriller, pas foncièrement original, mais efficace. Il nous interroge sur la nature sociale ou individuelle de la psychopathie. Un film à voir.''
Docteur Spider, 09/03/13
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