Funan

Génériques

Opening : "Prous teh oun" de Sinn Sisamouth

Ending : "Running" par Rebecca Ferguson et Thibault Kientz Agyeman

Avis

Funan est le genre de film qui attire forcément notre sympathie. Il traite en effet de la dure condition d’une famille, parmi tant d’autres, malmenée par des soldats endoctrinés et qui fait tout pour s’en sortir.

On nous apitoie, on nous afflige, avec des protagonistes dont la solidarité sera mise à rude épreuve par leur condition de déportés. Le scenario dans l’ensemble reste très bien construit, il montre à la fois la tristesse de voir des familles éparpillées, des personnes épuisées par le travail et le rationnement, des tortionnaires aussi victimes du système et qui pour certains font preuve discrètement de compassion. Les musiques, aussi belles que mélodieuses amplifient parfaitement la charge émotionnelle du film. Et visuellement, la qualité de l’animation nous envoûte. La simplicité du character design se marie parfaitement avec le très beau travail de décors, de couleurs et de lumières.

Mais voilà, historiquement, le film ne nous apprendra pas grand-chose sur cette période qu’a traversé le Cambodge, à part de brèves lignes explicatives en début et fin de film. M’étant un peu intéressée aux Khmers Rouges par un temps, je constate que ce film est loin de montrer toute l’étendue de la cruauté que le peuple a subie durant ce régime (vous pouvez avoir un bel exemple avec le documentaire S21, la machine de mort Khmère rouge). Cela dit, je conçois que le but du film n’est pas de traumatiser violemment le téléspectateur et comme nous restons sur le point de vue externe des personnages principaux, forcément ils ne peuvent pas savoir ce qu’il se passe ailleurs. Mais les scénariste auraient pu prévoir quelques passages qui laissent davantage entrevoir la gravité de l'oppression du peuple, notamment avec les camps de redressement des mœurs de la population.

Funan est un très beau film pour son animation et son histoire, qui ne se veut ni toute noire ni toute blanche. Il demeure toutefois assez classique dans le genre et n’apporte pas beaucoup de connaissances historiques et politiques.

Hanoko, le 01/01/2020