Belle

Le film commence en nous présentant U, ce monde fabuleux virtuel où chacun peut mener une existence toute autre avec un concert ambulant de Belle, qu’elle donne à dos de baleine volante géante. Instantanément, la première chose me venant à l’esprit est qu’il nous ressert la même chose que Summer Wars, en plus de démarrer sur un sujet vu et revu à toutes les sauces. Toutefois, on se laisse d’abord émerveiller par la beauté visuelle où pour une fois, l’animation 3D cell-shading est de qualité dans une production japonaise.

De plus, le fait  qu’elle caractérise le monde virtuel par rapport à l’animation 2D réservée au monde réel demeure très pertinent. L’animation 2D est elle aussi d’une très grande qualité, comme le réalisateur et son équipe nous ont habitués avec les précédents films.

Ensuite découverte de l’histoire de l’héroïne dans le monde réel. Elle se sert de U pour s’évader de sa vie triste (gros cliché mais passons) car elle ne parvient à aller de l’avant depuis que sa mère est morte. Timide et ne se trouvant pas attirante, elle est incapable de s’affirmer et reste en retrait. Si au début du film elle se montre assez attachante et touchante, au fur et à mesure j’ai fini par la trouver insupportable, à paniquer pour un rien, courir et s’exclamer dans tous les sens. Bref beaucoup trop de mimiques exagérées. Mais c’est surtout le scenario qui va partir dans tous les sens.

Il traite de multiples thématiques entre le deuil, la confiance en soi, l’impact des réseaux sociaux sur nos vies, l’amour, le show-business et plusieurs autres encore que je ne vais pas citer pour ne pas risquer de spoiler. Bien trop de sujets mis sur la table abordés superficiellement sans aucun réel traitement en profondeur. Le réalisateur et scénariste s’éparpille de plus en plus et rien ne paraît réellement consistant. À part Suzu, aucun personnages n’est réellement étoffé, on jongle juste entre eux sans que leur histoire ni leurs motivations ne soient exposées. Et chaque péripétie et rebondissement apportent leur lot d’absurdités et d’incohérences, sans parler des solutions que les personnages sortent de leur chapeau de prestidigitateur (pour ne pas entrer dans un registre grossier). Quelques exemples en vrac :

Et ce ne sont que les premiers exemples me venant en tête parmi les nombreux à relever au cours du film. Un autre aspect du film fait halluciner : le plagiat de la Belle et le Bête de Disney. Car oui, le film pourrait faire croire qu’il s’agit d’un hommage, d’une réinterprétation contemporaine de ce conte original. Mais non, on reconnaît clairement des passages emblématiques du film de Disney. De nombreuses scènes sont refaite à l’identique de la Belle et la Bête, jusque dans la gestuelle des personnages. Tout en en perdant toute la saveur à cause du scenario médiocre. Si Hosoda ne se prend pas de procès aux miches, il aura de la chance (mais je suppose que les studios Disney sont bien trop gros pour se préoccuper de ça).

Alors je me suis efforcée de me raccrocher à quelques petits détails chouettes du film. J’aime beaucoup les séquences où l’on voit de multiples personnes donner leur opinion sur plusieurs se passant dans le film. On peut louer le superbe travail de character design soigné de ces figurants. Parmi les personnages secondaires, Kamishin m’a bien amusée même s’il apparaît peu, tout comme les femmes de la chorale. Les chansons du film sont très jolies dans l’ensemble. Mais pas grand-chose d’autre ne me vient à l’esprit.

Avec ce film, on prend un peu de shojo romance lycée basique, de Summer Wars, de la Belle et la Bête  et agrémentant tout ça de drame social. Et le mélange donne quelque chose qui part dans tous les sens et perd toutes ses miettes de cohérence. Alors oui, le film est beau, les animateurs ont fourni un travail conséquent, mais j’ai saturé avant la moitié du film à cause de son histoire. Il y a bien d’autres films d’animation splendides à voir. À commencer par tous les autres films de Hosoda qui sont tous bien meilleurs que celui-ci, le premier que je n’ai vraiment pas aimé parmi tous ceux que j’ai vus du réalisateur.

Hanoko, le 08/01/2022