Devenir Japonaise

Avis

Les récits de personnes ayant deux origines sont légion, mais il s’agit souvent de faire le point sur les différences culturelles et comment on peut être tiraillé entre les deux. Devenir Japonaise nous propose une autre facette : une héroïne – à la savoir l’autrice – qui a été en partie coupée de l’une de ses origines et qui cherche à renouer avec.

Un sujet donc très intéressant sur le papier mais miné par une narration plan-plan et ennuyeuse. Ni spécialement émouvant, ni très drôle, le comics raconte une fraction de la vie de l’autrice via un scenario morcelé, à moitié décousu entre sa vie et quelques petits détails parallèles ci et là. Les personnages sans éclat, manquent chacun de réelle consistance, malgré les présentations plus ou moins détaillée que MariNaomi en fournit. Mais cela doit passer bien plus par le récit et que par la description. On lit sans vraiment en ressortir enrichi ni vraiment diverti. La partie bar à hôtesse prend une place non négligeable dans le récit, qui a été une étape pour l’autrice comme contact avec le japonais. À la limite, j’aurais préféré qu’elle proposât une histoire centrée sur ce sujet et qu’elle le traitât avec plus de profondeur, au lieu d’aborder beaucoup de sujets sans trop leur donner de consistance (les bars à hôtesses, le décalage culturel, la recherche de ses racines, ses relations amoureuses, entre autres). Pourtant, on trouve quelques anecdotes rigolotes et insolites à travers ces pages, mention spéciale à l’interlude, au dessus du lot, mais elles restent mineures.

Je suis encore plus rebutée par le dessin de l’autrice, dépouillé au possible, dans un style passe-partout, ni beau ni particulièrement expressif. Une dizaine de cases bénéficieront d’une once plus de travail mais ce sera tout. Vers la fin, on n’est pas loin de voir des personnages bâton représentés et l’autrice dessine même parfois seulement la tête de ses personnages, sans raison valable. Et qu’on ne me vienne pas dire que c’est du minimalisme (le minimalisme en art est une toute autre notion), là c’est juste à mes yeux du travail de feignasse. Ce vide graphique est particulièrement mis en évidence par le grand format de la bande-dessinée, rendant les blancs plus flagrants.

L’intention de départ est louable et m’aurait particulièrement parlé à titre personnel (ayant moi aussi une origine étrangère et regrettant de ne pas avoir appris cette seconde langue durant mon enfance, sans toutefois en avoir fait beaucoup pour rectifier le tir une fois adulte, finalement moi aussi je suis une feignasse dans un autre domaine donc mdr), mais cette BD ne nous apportera pas grand-chose.

Hanoko, le 02/05/2024