Hanoko – Vendredi 25 avril 2025, à 21:01

Interview de Furuya Usamaru au Festival du Livre de Paris 2025

Furuya Usamaru était invité au Festival du Livre de Paris 2025 ; entre des séances de dédicaces et masterclass tout au long du week-end, le public était au rendez-vous ! ShoShoSein a pu le rencontrer le dimanche 13 avril 2025 pour une petite interview afin de plonger plus en détail dans son univers.

 

 

 

ShoShoSein : Bienvenue en France, j’espère que votre arrivée en France s’est bien passée, est-ce votre première venue dans ce pays ?

Furuya Usamaru : Oui c’est ma première fois, c’est un très beau pays et je suis très heureux de rencontrer les lecteurs et lectrices passionnés.

 

SSS : Devenir mangaka est pour vous un projet d’enfance, comment s’est fait votre premier contact avec les mangas ?

Furuya : J’ai commencé à dessiner des mangas autour de mes sept/huit ans, j’étais très marqué par le travail de TEZUKA Osamu. Et pendant mes années primaire avec des amis, nous faisions une sorte de revue que nous dessinions nous-mêmes et que nous attachions avec des agrafes. Et au collège je me suis mis à proposer mes dessins à des revues commerciales – notamment des portraits – et j’ai reçu des prix, ça me permettait de recevoir un peu d’argent de poche.

 

SSS : Durant votre adolescence, comment avez-vous entendu parler de la troupe Tōkyō Grand Guignol ?

Furuya : J’ai appris l’existence de la troupe dans un magazine, par un minuscule bandeau qui annonçait la production d’une pièce qui s’appelait Mercuro (マーキュロ). MARUO Suehiro avait réalisé un dessin pour accompagner cette publicité qui m’avait fasciné, tout comme cette publicité qui m’avait intrigué. J’avais aussi d’autres amis qui étaient très curieux et à l’affût de ce genre de choses. Cette pièce nous intriguait beaucoup et nous en avons beaucoup parlé.

 

 

SSS : Aviez-vous le soutien de vos proches pour ce projet de devenir mangaka ?

Furuya : La toute première fois que j’ai envisagé de devenir auteur au collège, ce n’était pas encore un projet tout à fait concret, plutôt un rêve d’enfant. Puis quand j’ai commencé à travailler en tant qu’auteur professionnel, j’avais vingt-quatre ans, j’étais aussi enseignant en arts plastiques au lycée. Je n’avais besoin d’aucun soutien financier, même la revue Garo [Note : celle qui a prépublié Furuya à ses débuts] ne me rémunérait pas pour mes planches. Je n’étais pas spécialement soutenu non plus sur le plan psychologique ; quand j’ai annoncé à mon entourage que j’avais commencé à faire du manga, ils se sont dit que c’était encore une de mes lubies bizarres.

 

SSS : Vous avez choisi des études universitaires artistiques, notamment la peinture à l’huile, qu’est-ce qui a orienté ce choix plutôt que de tenter tout de suite de devenir mangaka ?

Furuya : Moi aussi je me le demande aujourd’hui, pourquoi je n’ai pas essayé d’apprendre les ficelles du métier de mangaka au lieu de passer par la case des études d’arts plastiques. À l’origine, je voulais améliorer mon niveau technique en dessin, je me suis dit que la fac des beaux-arts pouvait être une solution. À l’époque c’était aussi la voie à la mode de se tourner plus vers l’art contemporain et j’ai été assez influencé par mon entourage qui considérait que des études d’art étaient la chose à faire pour poursuivre une carrière artistique. Au fil de mes années d’études, j’avais un peu oublié pourquoi j’avais voulu apprendre le dessin. Comme je l’ai dit tout à l’heure, mon ambition de devenir mangaka n’était pas encore concrète, c’était une idée que j’ai caressée quand j’étais au collège et à l’école, comme beaucoup d’enfants japonais de manière générale.

 

SSS : Palepoli, votre premier manga en tant que professionnel, permettait de faire la jonction avec vos études d’arts, comment le public a-t-il accueilli une œuvre si expérimentale ?

Furuya : C’est un recueil dans lequel j’ai voulu appliquer toutes les techniques que j’ai apprises dans mon parcours universitaire, un peu une somme artistique qui me permettrait de marquer le coup. Et la réaction du public m’a beaucoup étonné, car ce livre a figuré dans les classements des meilleures sorties de l’année et à la suite de quoi j’ai reçu beaucoup de propositions dans le milieu de l’édition. C’est une chose à laquelle je ne m’attendais pas du tout.

 

 

SSS : Les thématiques que vous abordez dans vos mangas peuvent être rudes, sur des sujets subversifs voire tabou, vous n’avez jamais eu de risques de censure ?

Furuya : La question de la censure, je l’ai intégrée dans ma manière de raconter des histoires et de choisir mes éditeurs. Certains ont une plus ou moins grand tolérance vis-à-vis du contenu de mon travail. Des séries comme Litchi Hikari Club ou la Croisade des Innocents, je les ai proposées à des éditeurs que je savais tout à fait ouverts à ce genre de sujet et que je savais qu’ils me laisseraient carte blanche. Ensuite il y a tout un pan de mon Œuvre qui n’a pas été publié en France et qui a été édité au Japon par des grandes maisons d’édition, avec des objectifs commerciaux plus tournés vers le grand public ; eux auraient pu me censurer avec des choses plus sujettes à polémiques, j’ai donc adapté mon style et mes histoires.

 

SSS : Quel manga estimez-vous le plus important de votre carrière et pourquoi ?

Furuya : Il y a deux œuvres charnière dans ma carrière. La première est Palepoli tout simplement car c’est mon premier manga et que je partais de vraiment rien, j’étais un parfait inconnu, ce livre a remporté un certain succès, du moins critique, et sa réalisation m’a donné confiance en moi pour continuer à dessiner des mangas. Le deuxième moment fort est Litchi Hikari Club parce que c’est une œuvre dans laquelle j’ai essayé de revenir sur mes souvenirs de jeunesse, sur l’état d’esprit dans lequel j’étais et toute la culture des années 80 quand j’avais alors dix-sept ans. Ça fait plus de vingt ans que j’ai dessiné ce manga, il continue à se vendre au Japon et des lecteurs continuent à découvrir mon travail grâce à lui.

 

 

SSS : Quand vous avez d’ailleurs contacté Tōkyō Grand Guignol pour adapter leur pièce de théâtre Litchi Hikari Club en manga, quelle a été leur réaction ?

Furuya : Ils étaient très étonnés que je veuille adapter leur pièce ancienne qui avait jouée uniquement dans un tout petit théâtre, qui pouvait à peine accueillir deux cents personnes et dont il ne restait ni texte ni images vidéos. Ils ne s’attendaient pas du tout à cette proposition de projet de manga.

SSS : C'est le plus bel hommage que vous pouviez leur faire ! Les membres savaient-ils que vous nourrissiez jadis le rêve d’intégrer leur troupe ?

Furuya : Oui j’en ai parlé au metteur en scène et directeur de la troupe. D’ailleurs pour la version japonaise du manga, dans la postface qu’il a écrite, il dit qu’il me considère comme un membre à part entière de la troupe et je dois dire que ses paroles ont soigné tous les regrets que j’avais de n’avoir pas osé leur proposer mes services à l’époque.

 

SSS : Merci beaucoup et nous vous souhaitons un très bon séjour !

 

 


Toute l’équipe ShoShoSein remercie Benoît des éditions Imho d’avoir permis cette rencontre, ainsi que Furuya Usamaru pour le temps qu’il nous a accordé et le traducteur pour son intermédiaire ! Nous avions bien d'autres questions à lui poser mais comme nous sommes passés les derniers, M. Furuya avait déjà bien donné durant tout ce week-end du festival et nous ne pouvions l'accaparer davantage ^^

 

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Commentaires

Portrait de dragon de givre

Ahah j'apprécie la question sur les sujets tabou :p

Portrait de Hanoko

Rendons à César ce qui est à César : c'est un peu à cause de toi que je lui ai posée XD

Ninja Gaiden power :D

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