Hanoko – Dimanche 22 janvier 2023, à 15:48

Exposition Kimono au Musée du Quai Branly 2022–2023

Amis amateurs et amatrices de culture japonaise, de mode, de couture et/ou d’histoire, le Musée du Quai Branly de Paris accueille une exposition dédiée aux kimonos, qui se tient entre le 22 novembre 2022 au 28 mai 2023 !

 

 

 

L’exposition se limite à une période temporelle précise, commençant du XXVIIIe siècle allant jusqu’à nos jours, durant laquelle la port et la mode du kimono se sont particulièrement développés. L’exposition nous permet ainsi de les découvrir sous toutes les coutures, pour les femmes principalement car la diversité était plus grande mais aussi quelques uns pour hommes, ainsi que les milieux culturels qu’ils pouvaient représenter.

Un aperçu de pièces qui vont servir à la couture du kimono final, l’assemblage était montré à côté en vidéo.

 

Les kimonos se démarquaient non pas pour leur coupe, identique pour la plupart et n’ayant pas pour but de mettre en valeur le corps, mais bien davantage par les types de tissus utilisés et les motifs qui les ornaient. On découvre ainsi différentes méthodes pour les réaliser, en tissage, broderie, ou des techniques plus insolites comme le kanoko shibori, consistant à nouer des cercles de fil destinés à former les motifs et qui ne seront pas imprégnés de teinture du tissus.

 

 

 

Un kimono masculin, tout en élégance et sobriété

 

Comme dans nos sociétés, la tenue vestimentaire témoignait aussi du statut social. Ainsi le kimono n’échappait pas à la règle, le port de l’uchikake (sur-kimono) était réservé à des femmes de la haute société et le kamishimo était la tenue d’apparat masculine par excellence.

 

 

Le dos d'un uchikake, permettant de voir aussi la complexité de la coiffure. Et un kamishimo à droite, de taille enfant en loccurence.

 

Le kimono constituait tout autant une marque artistique, particulièrement important dans le milieu de la courtisanerie et du théâtre. Dans le Kabuki, les acteurs, exclusivement des hommes, jouaient aussi le rôle de femme et portaient donc les kimonos féminins en conséquence.

 

Un tableau d'Utagawa Toyokuni, représentant des dames de compagnie et des acteurs, saurez-vous distinguer qui est qui? 

On était déjà goth dans le kabuki!

 

L’exposition, présentant à la fois de véritables kimonos, ainsi que des œuvres d’arts leur donnant la part belle, se complétait également des attributs complémentaires : les obis (ceinture fermant le kimono), les coiffures, les accessoires, les chaussures portées, etc.

 

 

 

Je regrette toutefois que l’exposition n’ait pas présenté de kimonos portés par les personnes au rang social plus modeste, y avait-il un kimono pour les pauvres, même revêtu seulement en des occasions spéciales ? À l’inverse, j’aurais bien aimé aussi connaître la raison et la symbolique qui se cachent derrière le fait que les femmes nobles, proches du pouvoir, portaient des couches et couches de kimono. Est-ce que chaque couche avait un nom spécifique ? Le nombre était-il déterminé selon les grades ? 

 

La scénographie de l’exposition demeurait dans l’ensemble une réussite, avec des lumières permettant de bien apprécier chaque pièce présentée, et quelques décors rappelant des éléments architecturaux japonais traditionnels. En revanche, les allées dans la première partie de l’exposition se sont avérés assez étroites, dès qu’il y avait un peu de monde, on se gênait. Heureusement le nombre de visiteurs maximum était régulé à l’entrée pour minimiser le problème.

L'on pouvait de plus trouver quelques petits éléments connexes plus amusants en bonus :

 

D'adorables statuettes de porcelaine

Quelques échantillons de tissus de kimono disponibles de certains kimonos exposés à toucher pour sentir la texture

Finalement à côté de ces getas, les New Rocks paraissent confortables comme des chaussons.

 

Plus on avançait toutefois, plus l’espace de circulation s’élargissait. Un peu à l’image de l’horizon de la politique japonaise. En effet, la seconde moitié se dédie aux échanges avec l’occident dans les deux sens. Des tissus imprimés typiques des pays européens utilisés pour la confection de kimonos et inversement, l’arrivée de kimonos importés en Europe, donnant naissance à la célèbre robe de champbre/peignoir.

 

Un kimono fait d'un tissu made in France, cocorico!

 

J’aurais aimé aussi connaître les échanges qu’il y a peu y avoir avec les pays avoisinants en la matière, comme la Chine et la Corée.

 

Avec l’ouverture du pays s’accélérant drastiquement fin XIXe et début XXe, les guerres vers l’extérieur se sont multipliées au Japon, influant aussi sur les tenues vestimentaires, allant jusqu’à pousser à la création de kimonos patriotiques :

 


Pour toute la famille, histoire de bien bourrer le crâne éduquer dès le plus jeune âge aux valeurs de la société à l'époque.

 

On voit aussi que les motifs se diversifient encore, certains passant à du purement décoratifs et abstraits.

 

 

Par la suite avec les années, le kimono, bien qu’il ait décliné dans l’habillement quotidien des japonais, ne quitte jamais vraiment leur cœur. On en retrouve de fortes inspirations dans la pop culture ainsi que dans le milieu de la mode, au Japon et à travers le monde. L’exposition nous permet de découvrir des pièces combinant plusieurs styles allant du fantaisiste au très classe. Des alliances que j’ai pu trouver plus ou moins heureuses, mais pour sûr, le kimono garde toute son aura aujourd’hui encore !

 

coup de cœur pour cette robe sexy!

 

Le costume d'Apailana dans Star Wars, un kimono porté par l'acteur emblématique MIFUNE Toshirō dans le film Sanjūrō et la célèbre pochette d'album de Björk!

 

 

Une très belle exposition que je vous recommande donc chaudement. Les quelques petites réserves que j’ai pu émettre en terme de contenus sont peut-être comblées dans le livre catalogue accompagnant l’exposition, a fortiori beaucoup plus étoffé et pouvant fournir des explications bien plus détaillées. Je vous en reparlerai !

Une autre question demeure : pourquoi l'affiche met en scène une femme portant un kimono plutôt élégant mais posant comme une karateka? Le décalage comique est amusant, mais cela donnerait aussi envie de découvrir d'autres usages du kimono que dans la mode !

 

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